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deux mers se pratique la pêche côtière. Il faut pourvoir au bon ordre des ports, au service des rades et à la police de la pêche. Première catégorie, désignée sous le titre de service local en France : 22 bâtimens de flottille, 10 à voiles, 12 à vapeur, suffisent à ce service. Parmi les vapeurs cependant, il faut comprendre 2 corvettes pour la rade de Brest.

Les colonies ont des nécessités analogues. De plus, il faut qu’elles puissent être mises en relation, soit entre elles, soit avec les états circonvoisins. On n’a employé jusqu’à présent, pour cette deuxième catégorie, service local des colonies, que des navires de flottille à voiles et quelques vapeurs légers. On peut augmenter le nombre des vapeurs. Dans nage pensée, 2 grandes corvettes doivent y être jointes, 1 aux Antilles, 1 à la Réunion. La révolution sociale accomplie dans ces colonies exige la présence constante d’une force respectable. Cette force doit être indépendante du système des stations navales, qui appelle lui-même des modifications profondes : 21 bâtimens, dont 13 voiles et 8 vapeurs, pourvoiront au service local des colonies.

L’Algérie impose à la marine des armemens spéciaux et constans, indépendamment du concours qu’elle lui demande fréquemment pour le transport des troupes. Il y a nécessité que Toulon et Alger soient mis en communication régulière. Il n’est pas moins indispensable que des relations non interrompues soient entretenues entre les divers points du littoral de cette grande possession française : 10 vapeurs, parmi lesquels 4 corvettes, doivent être affectés au service de cette troisième catégorie.

La quatrième s’applique à la protection du commerce maritime et des pêches de long cours. Nous l’avons établi dans le cours de cet écrit, des stations navales, entretenues sur les points les plus fréquentés du globe, immobilisent actuellement sans utilité réelle pour le commerce un grand nombre de bâtimens. L’opinion de plusieurs officiers distingués qui ont commandé des stations est que ce système doit tendre à se transformer et faire place graduellement à des croisières. Ils reprochent aux stations, indépendamment de ce qu’elles coûtent, d’être une mauvaise école pour les officiers et les équipages. Le propre des stations est de ramener souvent, et quelquefois de maintenir, les bâtimens dans les ports étrangers. Le propre des croisières est au contraire d’entretenir une navigation active et presque constante. Ce dernier mode exigera de nos marins plus de dévouement, en leur imposant plus de fatigues. Ils ne les rechercheraient peut-être pas ; ils les accepteront volontiers si elles leur sont demandées. La disposition à rester dans les ports ne date pas d’hier dans notre marine. La correspondance des ministres de Louis XIV en offre de curieux exemples. Seignelay recommandait fréquemment à Duquesne, Pontchartrain recommandait à Tourville de tenir la mer et de résister à cet attrait qu’ont toujours exercé les ports étrangers sur les marins français.