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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/48

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DE


LA POÉSIE ET DU PEUPLE.




LA SEMAINE D’UN FILS,
POÈME DE JASMIN.




Ce que j’aime, ce que j’admire dans ces heures de crise si fatales à la vertu des ames, à la trempe des caractères, à la distinction des esprits, dans ces momens suprêmes qui sont comme le naufrage de ce qu’il y a de plus pur et de meilleur en nous, c’est un homme, — philosophe ou poète, politique ou artiste, — si généreusement doué, si naturellement supérieur dans sa force ou dans sa grace, qu’il résiste sans effort aux entraînemens vulgaires, qu’il sache rester lui-même au milieu des excitations les plus vives, s’obstinant en quelque sorte dans l’indépendance de son génie et ouvrant dans son cœur un refuge au calme et à la liberté perdus. Les révolutions, en effet, sont une redoutable épreuve non-seulement pour cet être collectif qu’on nomme un pays, l’humanité, mais encore pour chaque être individuel, en qui elles ont leur retentissement secret, qu’elles enveloppent, qu’elles oppriment, qu’elles avilissent parfois. Elles ouvrent l’ère des provocations ardentes,