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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/482

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REVUE DES DEUX MONDES.
LA REINE, allant au-devant de la reine-mère.

Vous me prévenez, ma mère.

LA REINE-MÈRE.

Bonjour, ma belle. (Elle la baise au front.) Eh ! mon Dieu ! comme vous voilà pâle !

LA REINE.

Ce n’est rien,… rien, ma mère.

LA REINE-MÈRE.

Le roi fait bien de vous donner le bal. Il faut danser, vous divertir. On vous a fait mener cet été une trop triste vie, mon enfant. Je sais que votre malheureux deuil y est pour quelque chose, mais il touche à sa fin, et c’est le devoir d’une reine de ne pas laisser l’ennui prendre pied dans sa cour. — Ne faudra-t-il pas aussi faire honneur à votre nouvel hôte ?

LA REINE.

De qui parlez-vous ?

LA REINE-MÈRE.

Quoi ! vous ne savez pas… Le cardinal est de retour, son frère le suit de près.

LA REINE.

Son frère ?…

LA REINE-MÈRE.

Oui, le roi de Navarre.

LA REINE.

Ah !… le roi de Navarre.

LA REINE-MÈRE.

C’est toujours cela. Condé s’entête à ne point venir.

LA REINE, à part.

Dieu soit loué !

LA REINE-MÈRE.

Mais on dirait vraiment que vous n’en êtes point fâchée ? Voilà vos jolies couleurs qui commencent à reparaître !… Il serait peu flatté, le galant cousin, s’il savait…

LA REINE.

Croyez, madame, que MM. de Bourbon peuvent aller, venir, rester chez eux, s’il leur convient ; c’est le dernier de mes soucis.

LA REINE-MÈRE.

Vous avez tort, ma fille ; il importerait au service du roi que les princes fussent venus tous les deux. Mais, enfin, c’est chose faite… Il faut au moins que celui qui vient soit dignement reçu. J’ai hâte de savoir si les mesures sont prises… ou bien s’il serait vrai, comme on vient de me le dire, que mon fils n’ait envoyé personne à sa rencontre, pas