Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/491

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LA REINE-MÈRE.

J’espère pourtant qu’elles s’ouvriront pour laisser entrer le roi de Navarre…

Mme  DE MONTPENSIER.

Je n’en crois rien, madame.

LA REINE-MÈRE.

Pousserait-on l’insulte jusque-là !

Mme  DE MONTPENSIER, dans le fond de la salle, regardant à une fenêtre.

Eh ! mon Dieu ! je ne me trompe pas… voilà le roi… Les portes restent fermées. Il faut, s’il veut entrer, qu’il descende de cheval et passe par la poterne.

LA REINE-MÈRE.

Quelle vilenie ! Un prince portant titre de roi !

LA REINE, à part.

Plaise à Dieu qu’on s’en tienne aux affronts !

LA REINE-MÈRE, se tournant vers la reine.

Ma fille, surveillons nos visages ; gardons-nous de laisser voir des craintes qui, Dieu merci, peuvent être imaginaires. Pour l’honneur du roi, pour notre propre honneur, soyons calmes, soyons confiantes.

LA REINE.

Je tâcherai, ma mère… (À part.) Mon Dieu, je me soutiens à peine !



Scène XIII.

Les mêmes, LE ROI DE NAVARRE, LE PRINCE DE CONDÉ, LE CARDINAL DE BOURBON.
LE PRINCE DE CONDÉ, dans le vestibule et sans être vu.

Eh quoi ! pas un huissier !

LE CARDINAL DE BOURBON, dans le vestibule et sans être vu.

Personne ici pour annoncer le roi mon frère !

LA REINE-MÈRE, à Mme  de Montpensier.

Ma chère duchesse, levez la tapisserie, s’il vous plaît, et servez-leur d’huissier.

LE CARDINAL DE BOURBON, à Mme  de Montpensier, après qu’elle a soulevé la portière.

Ah ! madame, que vous êtes charitable ! Nous n’osions…

Mme  DE MONTPENSIER.

Entrez, messieurs, le roi n’est pas là ; mais (lui montrant les deux reines) vous pourrez prendre aisément patience.

(Les trois princes s’avancent et saluent les deux reines.)