Scène XV.
(Le vestibule se remplit d’archers des gardes suisse et écossaise. Le roi, à peine entré, s’arrête au fond de la salle. Le roi de Navarre et le prince de Condé vont au-devant de lui en s’inclinant profondément.)
Vous voilà donc, mon oncle. C’est bien fait de m’avoir amené votre frère selon mon commandement.
Sire, je n’ai point amené mon frère ; nous venons, aussi bien lui que moi, conduits par notre obéissance à votre majesté.
Et par le devoir d’assister, comme les premiers de vos sujets, à l’assemblée des trois ordres du royaume.
Mon fils, avant de répondre à messieurs vos cousins, veuillez me dire comment et par ordre de qui deux princes de votre maison, tout à l’heure, en cette ville, ont reçu des insultes comme on n’en ferait pas à des gens sans aveu ?
C’est bien, ma mère, c’est bien… je m’en informerai ; mais nous avons d’abord à régler d’autres comptes.
Quelle est donc cette leçon qu’il va nous réciter ?
Mon cousin de Condé, le devoir de siéger aux états n’est pas le seul qui vous attende ici.
Que dois-je faire encore pour le service de votre majesté ?
Vous justifier. Les accusations qui s’élèvent contre vous sont de telle nature qu’il vous importe d’en être absous comme à moi d’en être éclairci. Pour l’honneur du sang dont vous êtes, pour l’amour que je porte aux miens, je ne puis vous laisser sous le poids de telles charges. Quelles sont ces menées, ces complots, que vous entreprenez, me dit-on, contre ma personne et mon état ? Je suis résolu à le savoir, et c’est pour l’entendre de votre bouche que je vous ai mandé.