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REVUE DES DEUX MONDES.
LE DUC DE GUISE.

Son procès.

LA REINE-MÈRE.

Devant ses pairs ? en plein parlement ? Prenez garde !

LE DUC DE GUISE.

Non, non, point de parlement ; Dubourg y a semé sa graine, et ces bonnets carrés n’en finissent jamais. Des juges d’épée mènent mieux les affaires.

LA REINE-MÈRE.

Y pensez-vous ? Pour un prince du sang…

LE DUC DE GUISE.

Les chevaliers de l’ordre sont d’étoffe, il me semble, à juger ce petit galant, tout prince qu’il est. Laissez faire, madame, ils lui apprendront à respecter un peu mieux son souverain seigneur.

LA REINE-MÈRE.

Les chevaliers de l’ordre !

LE DUC DE GUISE.

Ils vont être convoqués.

LA REINE-MÈRE.

Il les récusera.

LE DUC DE GUISE.

Qu’importe ?

LA REINE-MÈRE.

Et s’il proteste, que faites-vous ?

LE DUC DE GUISE.

Quand le crime est manifeste, on n’est pas embarrassé. Dieu nous a-t-il donné les preuves que nous avons pour qu’on s’amuse à y regarder de si près ?

LA REINE-MÈRE.

Vous avez donc des lettres de lui ?…

LE DUC DE GUISE.

Mieux encore. Un vrai flagrant délit. Les pièces sont là, madame… (Montrant l’appartement du roi.) Daignez venir en juger par vous-même

LA REINE-MÈRE.

Moi ! suis-je un homme de loi ?… Je n’y verrais que du feu.

LE DUC DE GUISE.

Le chancelier y a regardé de près, et c’est lui qui l’a dit : il y a crime d’état.

LA REINE-MÈRE.

N’importe ! croyez-moi, point de tribunal d’épée. Ne mettez pas les gens de justice contre vous. J’aimerais mieux, à votre place, allonger la prison que raccourcir le procès.