Quel procès, chancelier ? Ils se soucient bien d’un procès ! Ne disent-ils pas qu’ils châtieront, quoi qu’il arrive ?
En gagnant du temps, madame, on rend vaines bien des prophéties.
Mais comment gagner du temps avec des juges d’épée ?
Madame, ils y renoncent… C’est une commission du parlement qu’on appelle.
Ah ! vous me rendez une lueur d’espoir…
Par malheur, le prince a laissé commettre de bien graves imprudences…
À qui le dites-vous ?
Si Dieu voulait du moins qu’il fût bien conseillé.
Lui sera-t-il permis d’appeler ses conseils ?
J’en doute ; mais, madame, s’il a de bons amis et si leur voix, ce que j’ignore, peut pénétrer dans sa prison, ils lui commanderont de s’enfermer dans un silence absolu…
Bien.
De ne reconnaître la compétence que du seul parlement en corps, les pairs siégeant ou appelés. Je n’en puis dire davantage.
Cela suffit. — Ah ! mon cher chancelier, que j’avais besoin de vos paroles ! Mon courage était à bas. Si vous les aviez vus, tout à l’heure, entrer chez mon fils, l’arrogance à la bouche… Savez-vous quelle idée m’est venue dans l’esprit ? Que, dans cette prison, Chavigny ou quelque archer venait de leur rendre un odieux service… Pourvu qu’il n’en soit rien !., pourvu que ce pauvre Navarre soit lui-même en sûreté !… Rien ne m’étonnerait, chancelier ; qui peut les arrêter ? Ce malheureux François, ils le mènent en laisse ! ils lui soufflent au cœur je ne sais quelle rage contre Condé… Tout ce qu’il faudra faire pour le perdre, il le fera… Et quand les princes seront à terre, nous y serons aussi,