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PEINTURE MONUMENTALE.




TRAVAUX DE M. H. FLANDRIN À L’ÉGLISE SAINT-PAUL DE NÎMES.




N’est-ce pas un bonheur et un devoir, au milieu des inquiétudes qui nous pressent, de maintenir les droits de l’art, d’en garder pieusement le culte, et de poursuivre le beau avec un nouvel amour, lorsque tant de sombres images enveloppent et menacent la civilisation effrayée ? Remercions les talens supérieurs restés fidèles à l’inspiration, et qui, sans refuser de prendre part aux émotions et aux dangers de la patrie, n’en accomplissent pas moins leur noble tache à travers les tristesses de l’heure présente. Ne jeter ni sa plume ni son pinceau, continuer de chercher en silence les strophes ailées ou les créations idéales qui élèvent les ames vers l’éternelle beauté, c’est là un office tout aussi sérieux, c’est un devoir tout aussi utile en ces temps de désordre que bien d’autres fonctions plus bruyantes. À quelle époque avons-nous eu plus besoin de tout ce qui soutient l’ame au-dessus de la matière, de tout ce qui apaise les cœurs et ennoblit l’intelligence ? Au moment où l’austérité de nos tribuns voudrait supprimer les merveilles de l’art, il est bien que les artistes ne se lassent pas de charmer et de moraliser le peuple ; on verra mieux de quel côté est le véritable esprit démocratique. Je faisais ces réflexions en visitant à Nîmes cette charmante église Saint-Paul, où un artiste éminent vient d’achever, je ne crains pas de le dire, une des grandes pages de la peinture contemporaine. Quel calme bienfaisant on éprouve à étudier cette belle œuvre ! Quelle sérénité parfaite ! Comme l’esprit se purifie et s’élève ! Comme on déteste plus franchement, dans cette atmosphère de paix, toutes les mauvaises passions qui nous assiègent !

Le maître habile à qui nous devons les peintures de Saint-Germain-des-Prés,