Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/659

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
593
LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LA REINE.

Est-il possible !

LE ROI.

Vous m’accordez au moins qu’il en tient, lui, et de belle façon !

LA REINE.

Quelle idée !

LE ROI.

Lui, comme tant d’autres !… Vous le savez très bien, ma belle.

LA REINE.

Je sais que vous êtes un fou.

LE ROI.

Soit ; mais, voyez-vous, notre oncle de Lorraine a là-dessus des idées… qui font peur.

LA REINE.

Mon oncle !… Que dit-il donc ?

LE ROI.

Dame ! s’il faut l’en croire, les femmes qui donnent de l’amour à tous ceux qui les voient se dispensent rarement d’en prendre.

LA REINE.

Eh ! qu’en sait-il notre oncle, un cardinal !

LE ROI.

Il a l’air de s’y connaître… et, s’il dit vrai, ce mécréant de Condé n’est pas trop malheureux, ma foi !… toutes les femmes en raffolent.

LA REINE.

Il vous tient là de beaux propos !

LE ROI.

Allons, faisons la paix. Je veux bien être un fou… Mais, Dieu merci ! avant deux jours je n’aurai plus raison de l’être.

LA REINE.

Que voulez-vous dire ?

LE ROI.

Que ce maudit procès va marcher enfin, et d’un bon pas.

LA REINE.

Comment, marcher ?… On semblait croire qu’il faudrait tout reprendre à nouveau.

LE ROI.

Ah ! je voudrais bien voir ! Mes oncles sont las d’attendre, et vont sonner au chancelier un beau réveil-matin. Ils lui signifieront que ma patience est à bout. C’est une peste, ce chancelier ! Sans lui tout serait fini, et nous serions tranquilles !

LA REINE.

Qu’a-t-il donc fait ?