parler dès que MM. de Guise sortiront de chez moi. Allez… Encore un mot pourtant : ces Guise ont beau courber la tête, s’ils ne sont bien bridés, ils la relèveront… Avez-vous écrit au connétable ?
Oui, madame.
Est-il prêt à reprendre sa charge ?
Pour complaire à votre majesté, il a quitté Étampes hier matin et doit avoir couché très près d’ici. À notre premier signal, il sera dans la ville.
Bien accompagné ?
Deux mille lances au moins. Déjà bon nombre de ses hommes se sont glissés dans nos murs, et se cachent chez les bourgeois.
C’est bien. — Et nos états, qu’en faites-vous ? Ces députés s’ennuient ; ne les négligez pas. Si Dieu persiste à vouloir que nous perdions ce cher François, il faut ouvrir dès le lendemain. Êtes-vous prêt ?
Moi, madame, depuis long-temps.
Et l’avocat de Bordeaux qui parle pour le tiers ?
L’Ange ? Il achève sa harangue ; elle est très bonne, on en sera furieux en Lorraine. Le baron de Rochefort m’a montré la sienne ; il fait tonner la noblesse contre les deux frères. Quant au clergé, savez-vous ce qu’il ose faire ? Il prend pour orateur Quintin. Le cardinal croyait être choisi. Jugez quelle colère !
C’est très bien de tourner le dos aux Lorrains ; mais prenez garde qu’on ne se précipite de l’autre côté et à bras trop ouverts. Quand les gen sont lancés, on ne les contient plus. Veillez-y, chancelier. (Un huissier s’approche de la reine-mère et lui dit quelques mots à voix basse. Elle lui fait signe de se retirer, en ajoutant :) Qu’ils entrent. (L’huissier sort.) — (Au chancelier :) Voici MM. de Guise. Je vous quitte, la duchesse m’attend ; je ne lui dis qu’un mot et l’envoie vous rejoindre. — Obligez-moi de dire à ces messieurs que je reviens dans un instant ; mais ne perdez pas votre temps avec eux. (Elle sort.)