La paix avec ces gens-là !
Oui, la paix. Ils ont en main les finances, les gens d’église sont à leur dévotion, une partie de la noblesse et du peuple leur obéit : guerroyer avec eux, quelle folie ! Je veux que vos dissentimens s’effacent, et, pour commencer, il faut dès à présent supprimer le prétexte à leurs clameurs. Qu’il ne soit plus question de ces bruits de régence. Le moyen est bien simple. Dites tout haut que vous ne l’acceptez pas ; que les états eux-mêmes, s’ils s’avisaient de vous la déférer, ne vous feraient pas changer, et, afin de confondre les incrédules, donnez-en votre signature. Voici justement quelques lignes que j’ai préparées ce matin… (Elle lui présente un papier.)
Madame, je m’engage volontiers à ne point briguer un honneur qui vous convient mieux qu’à moi. Je suis d’un naturel trop amateur du repos pour me jeter dans de tels hasards. Mais ce papier, cette signature… renoncer par écrit à un droit de ma maison… que pensera-t-on de moi ? que me dira mon frère ?
Faites comme il vous plaira. Je ne vous ai pas donné des raisons pour rire. Vous êtes averti ! Si l’arrêt est signé, comme je le crains, il peut être exécuté ce soir…
Mais le sera-t-il moins si je signe ?
Si vous signez, MM. de Guise renoncent à leurs desseins contre vous, et votre frère est libre.
Mon frère en liberté ! Votre majesté m’en donne l’assurance !
Je sais ce que je dis. (Elle s’approche d’une table, prend une plume et écrit quelques lignes.) Voici deux mots de moi. Qu’ils soient remis au chancelier, il saura ce qu’il en doit faire. C’est la clé de la prison. Maintenant, à vous de voir si l’échange vous convient. (Elle dépose sur la table le papier qu’elle lui a proposé de signer.) Mais hâtez-vous. Je veux aller voir mon fils ; il me tarde de l’embrasser… Êtes-vous résolu ?
Je dois sauver mon frère. (Il signe.)
Et vous-même, croyez-moi.