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d’effroi dans les annales transylvaines. Nous nous retrouvons en pleine France, et, pendant un demi-siècle, des noms français se mêlent à toutes les aventures héroïques des annales transylvaines.


II

L’histoire de la Transylvanie se divise en trois périodes très distinctes et faciles à marquer :

La première dure cinq siècles. De 1000 à 1526, la Transylvanie n’est qu’une province de la Hongrie.

La seconde dure un peu moins de deux siècles, depuis la bataille de Mohàcz (1526) jusqu’au traité de Carlowitz (1699). La Transylvanie est devenue, dans cette période, un état indépendant et électif ; c’est l’époque de la liberté et de la gloire nationale.

De 1700 jusqu’à nos jours, la Transylvanie, sous la domination autrichienne, entre dans la période pacifique et constitutionnelle. Elle participe, dans les dernières années, au mouvement libéral de la Hongrie. Enfin, elle prend part à l’insurrection actuelle des Magyars.

Au début de la première période, nous retrouvons, comme en Hongrie, la conquête des Huns et la tradition des sept chefs barbares qui se partagent le pays. Les institutions qu’ils apportent sont les mêmes, la contrée est divisée en plusieurs camps, et la société est purement militaire. Avec saint Étienne, en l’an 1000, la Transylvanie se convertit au christianisme ; elle ne se sépare plus alors de la Hongrie et suit les diverses fortunes du royaume apostolique dans ses guerres contre les Turcs.

Pendant cette première période, elle était administrée par des vaivodes, ou gouverneurs nommés par le roi. Le plus célèbre fut ce Jean Huniade, le vainqueur des Turcs et le sauveur de la chrétienté, lorsqu’après la prise de Constantinople, par Mahomet II, l’Europe consternée s’attendait à revoir l’invasion du IVe siècle.

En 1526, Jean Zapolya était vaivode de Transylvanie, lorsque le roi Louis II périt dans cette fatale journée de Mohàcz, que nous avons racontée ailleurs[1]. L’indépendance de la Transylvanie naquit de cette sanglante défaite où périssait la liberté de la Hongrie. Pendant que le royaume, envahi par Soliman et l’empereur, subissait ce double joug, et que des pachas turcs s’installaient à Bude et à Temeswar, les montagnes de la Transylvanie servaient de refuge aux vaincus. Zapolya, après avoir un moment tenté de disputer la Hongrie même à Soliman vainqueur et à l’empereur Ferdinand, se contenta de la souveraineté de la Transylvanie. À sa mort, son fils, Jean-Sigismond, sous la tutelle de sa mère Isabelle, fut reconnu par le sultan prince de Transylvanie.

  1. Voyez le numéro du 1er août 1848.