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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/981

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d’ailleurs, sous peine capitale, toute autre innovation en matière de foi. On admit à titre de tolérance les autres religions qui existaient dans la principauté. Les décrets de Tordà formèrent la charte religieuse de la Transylvanie. Ils furent solennellement confirmés dans l’article 1er du diplôme Léopold : « Il n’est rien changé à l’état actuel des quatre religions souveraines ; nous jurons de maintenir leurs églises, communautés et privilèges, de poursuivre les hérétiques, etc. »

Les religions tolérées sont la religion grecque et le judaïsme avec certaines restrictions ; le mahométisme a quelques rares sectateurs parmi les Bulgares. Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai dit des Juifs ; quant à la religion grecque, elle a ici une grande importance : elle est professée par la nation valaque tout entière, et le clergé grec est à la tête du mouvement libéral qui s’est manifesté dans ces dernières années.

Les Grecs se divisent en Grecs du rite uni ou latin et Grecs du rite oriental ou schismatique. Les premiers ont reconnu la suprématie du saint-siège de Rome en 1697, dans un concile national présidé par l’évêque Théophile. Ils sont considérés légalement comme appartenant à la communion catholique. Leurs popes touchent la dîme attribuée aux curés et aux ministres ; un évêque, qui porte le titre d’évêque de Fagaras, l’ancienne métropole, bien qu’il réside à Balas-Falva, dans le pays hongrois, est à la tête de tout le clergé uni. Les Grecs non-unis sont administrés par un vicaire-général, qui relève du patriarche grec de Carlowitz, en Hongrie. Le nombre des prêtres ou popes et des religieux grecs des deux rites est hors de toute proportion avec la population qu’ils administrent. Les ordres sont conférés par les supérieurs sans aucune des épreuves nécessaires pour assurer la dignité du saint ministère. De là des abus et des désordres sans fin, dont le mariage ne les sauve pas. Malgré ces scandales, le clergé est tout-puissant chez les Valaques. Le pope du village réunit en lui les pouvoirs les plus divers il est le prêtre, l’instituteur, le magistrat, le juge, disons aussi le publicain, car, grace aux dîmes, aux offrandes, rachats et aumônes, la majeure partie de ce qui reste au paysan, après qu’il a satisfait au seigneur, revient au pope.

Cependant le prêtre grec n’en est pas moins à la tête de toutes les idées de progrès et d’amélioration ; placé encore, comme le clergé catholique l’était au Ve siècle, entre les conquérans et les vaincus, il a pris parti pour les derniers. Il existe à Balas-Falva, près de l’évêque, un séminaire d’où sont sortis des Valaques très distingués, éclairés sur les besoins de leurs compatriotes, et qui n’ont rien négligé pour les relever à leurs propres yeux. Nous verrons quel rôle ils ont joué dans ces dernières années, quelle est leur situation actuelle dans la grande lutte entre les Hongrois et l’empire, situation assez semblable, on l’aura déjà