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va renouveler par toute l’Allemagne l’effervescence des esprits. Leipsig, la patrie de Robert Blum, est en proie à une agitation formidable ; le bruit et l’émotion, la pitié et la colère, se répandent de Vienne à Berlin, et de Berlin à Francfort. En un instant, le coupable est devenu un martyr. On prépare des cérémonies mortuaires, on célèbre des ovations expiatoires : le drapeau noir flotte en signe de deuil sur les tours de Mayence ; l’assemblée nationale enfin, toute frémissante sous l’outrage, ne laisse pas même ouvrir le débat, et silencieusement, par un vote unanime, elle ordonne au ministère de l’empire de châtier le prince Windischgraetz !

Que devient cependant la constitution au milieu de ces émotions brillantes ? Le chapitre II, concernant les attributions de l’empire (Reichsgewalt), n’offre plus heureusement de difficultés bien graves depuis que les principes ont été admis, depuis que le pouvoir central est seul investi du droit de faire les traités et de nommer les ambassadeurs, depuis enfin que les troupes impériales sont mises à sa disposition, et que les forces maritimes ne relèvent que de son commandement. Les § 25 à 28, relatifs à la navigation fluviale, les § 29 à 32 qui traitent des chemins fer, 33 à 39, qui établissent l’unité douanière, et 40 à 45, qui mettent les télégraphes et les postes entre les mains du gouvernement impérial, sont votés après d’insignifians débats dans l’espace de quatre séances. Les § 46 à 51 traitent de l’unité de monnaie, de la banque et des impôts ; les § 52 et 55 prévoient les guerres intérieures, les luttes d’état à état, ou les conflits d’un état particulier avec le gouvernement impérial ; ils indiquent les moyens que devra employer ce gouvernement pour rétablir la paix ; ils lui accordent aussi le pouvoir d’étendre ou de restreindre, selon les circonstances, le droit d’association, et lui imposent le devoir de prendre toutes les mesures d’hygiène et de salubrité publique. Enfin, les § 56 à 61 s’occupent de la nature des lois que pourra faire et promulguer l’autorité centrale, et de l’unité qu’elle devra établir entre les législations particulières. Ainsi les attributions de l’empire sont constituées ; le gouvernement impérial a dans les mains tous les droits et toutes les forces ; les royautés ne sont plus que des préfectures héréditaires, qui conserveront encore leur cour, leur liste civile, l’éclat de la fortune et tous les avantages personnels au souverain, jusqu’à ce que le temps se charge de leur enlever ce dernier simulacre de pouvoir et de les médiatiser sans résistance.


IV

Les affaires de Berlin et de Vienne préoccupaient toujours les esprits, et depuis que le parlement avait cru nécessaire d’intervenir au milieu de cette double lutte, on se demandait avec anxiété comment l’honneur