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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/566

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Non. Ce travail de compilation n’a encore engendré que la confusion des langues. Consultez chaque exposition. Comme au Panthéon de Rome, il n’est dieu étranger qui n’y ait sa place ; toutes les doctrines anciennes et modernes s’y coudoient dans un pêle-mêle assez discordant. Chaque innovation qu’on y signale n’est, le plus souvent, qu’une exhumation, une fantaisie rétrospective de plus. L’un remonte jusqu’aux Étrusques, l’autre s’arrête à Watteau, et, ce qui n’est pas moins remarquable, ce sont les transformations inattendues que subit souvent à des intervalles rapprochés la manière de chaque artiste, aujourd’hui sectateur austère de la ligne, demain séduit par la magie vénitienne, — tant le doute et l’hésitation sont en toutes choses, tant la défaillance est universelle !

Dans cet état confus de l’art qui correspond à des incertitudes plus générales, un seul trait distinctif se révèle : c’est la part de plus en plus large faite dans les compositions à la nature extérieure, la tendance à subalterniser la figure humaine, à la supprimer souvent tout à fait : signe de décadence. Aux premiers jours de la peinture, la personne divine était exclusivement représentée. Le Christ et sa mère siégent d’abord seuls sur la coupole d’or de la basilique byzantine. Ce n’est point encore le simulacre qu’on admire, c’est le dogme qu’on vénère. Les premiers admis sont des anges en adoration aux pieds du divin symbole ; puis, les apôtres et les chœurs des saints viennent se ranger symétriquement des deux côtés du sanctuaire, et déjà, dans ce rapprochement entre la terre et le ciel, la divinité dépose ses formes colossales et revêt des proportions plus accessibles. Ce n’est que plus tard que l’on s’enhardit à reproduire une action détachée dont la Bible ou la vie des saints fournissent le thème invariable, et lorsqu’enfin les faits et les personnages humains ont pris place, agissent et se meuvent vu dehors de la légende sacrée et suivant les conditions de la vie terrestre, la première période de l’art est close. Après le cantique l’épopée ; l’ère héroïque succède à l’ère sacrée. Le but spécial étant alors la glorification de l’homme, de ses actes, de ses passions, la splendeur de la forme atteint son apogée. C’est le triomphe de la peinture dite historique comme aussi du portrait. On commence bien à s’occuper des accessoires et des entourages, jusque-là dédaignés, mais on ne les accepte encore que comme encadrement, tout en les traitant d’une manière supérieure. Tels sont les fonds de paysage, les fabriques, les détails d’ornementation que nous admirons dans Raphaël. L’école des Carraches et les Vénitiens offrent les premiers exemples du paysages et des sujets de nature morte représentés isolément, et à la fière allure que ce genre nouveau reçoit de Titien et du Dominiquin, on reconnaît le passe-temps de maîtres habitués à d’autres jeux. C’est la Flandre qui a créé le paysage moderne, le tableau d’intérieur, les représentations