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mexicaine. Il nous salua d’un air à la fois courtois et protecteur. — Vous me pardonnerez, dit-il, seigneur licencié, si je prends la liberté de me joindre à vous ; mais, sachant par vous-même que vous deviez aujourd’hui faire un petit voyage, j’ai pensé que vous ne seriez pas fâché d’avoir un compagnon de plus. Cette route, n’est pas très sûre, et, ajouta-t-il en jetant un regard expressif sur le bras que le licencié portait en écharpe, il n’est pas toujours prudent de se hasarder seul loin de chez soi. J’ai pourtant lieu de croire que nous n’aurons à tirer l’épée contre personne aujourd’hui.

Et après avoir prononcé cette dernière phrase avec une lenteur solennelle, Pepito se pencha à l’oreille du licencié en murmurant quelques mots que je ne pus entendre ; je remarquai seulement qu’il indiquait du doigt à don Tadeo un groupe de collines qui s’élevait à notre gauche, et sur lequel planait un vol de grands vautours noirs. Sans répondre à Pepito, le licencié arrêta un moment sa monture et tourna du côté des collines des yeux où se lisait une pénible surprise. Puis il nous fit signe de continuer notre course, éperonna lui-même vigoureusement son cheval, et quelques minutes plus tard nous traversions les rues du village où était située ma nouvelle propriété.

La maison qui m’était cédée par don Tadeo (car le licencié en avait d’abord pris possession pour lui-même suivant la clause qu’on doit se rappeler) était située à l’extrémité du village. Des groupes nombreux d’habitans, venus là pour prendre part aux largesses qui sont le complément obligé de toute cérémonie d’investiture, stationnaient devant la maison et nous aidèrent à la reconnaître. C’était un petit bâtiment d’assez triste apparence, précédé d’un hangar à pilastres de briques formant péristyle. De nombreuses lézardes sillonnaient les murs et indiquaient l’impérieuse nécessité d’un complet recrépissage. Derrière la maison s’étendait entre quatre murs tapissés de mousse et couronnés de pariétaires un petit jardin envahi par les mauvaises herbes. Le gardien placé dans la maison par le licencié nous ouvrit la porte. — Vous êtes chez vous, me dit-il. — Nous entrâmes. L’intérieur de la maison était plus désolé encore que l’extérieur. — Les plafonds s’effondraient, les marches disjointes des escaliers criaient tristement sous les pieds, et le jardin n’étalait guère qu’un fouillis inextricable de joubarbes d’orties et de chardons, dominé par quelques arbres fruitiers de mine fort chétive. À tout prendre cependant, cette bicoque délabrée, ces terrains incultes pouvaient équivaloir au montant de la somme qui m’était due, et cela me suffisait, d’autant plus qu’avec un débiteur de l’espèce du seigneur Peralta il ne fallait pas se montrer trop exigeant.

Après avoir visité le rez-de-chaussée et le jardin, nous montâmes au premier étage. La pièce où nous entrâmes semblait être le salon, et n’avait pas été ouverte depuis longues années, à en juger par l’odeur