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Les frais de régie et de perception du revenu public se proportionnent naturellement à l’importance de ce revenu. Toutefois la progression de la dépense ne doit pas être la même que celle de la recette : le taux de la rémunération doit décroître à mesure qu’il reçoit une application plus étendue ; mais, si cela est vrai pour la perception du revenu qui a son origine dans un monopole, et qui est le prix d’un service rendu par l’état aux contribuables. La fabrication du tabac, par exemple, a pris un accroissement considérable ; mais cet accroissement, source d’une dépense, a été la source d’une recette beaucoup plus considérable. L’administration de la poste aux lettres a amélioré tous ses services ; elle a augmenté le nombre de ses lignes, la rapidité de ses transmissions, la fréquence de ses distributions : une augmentation de 18 millions dans les frais de régie a payé le prix de ces améliorations ; mais, si les dépenses se sont élevées, les recettes ont monté encore plus haut : l’état a un peu gagné, le public a gagné beaucoup plus. Comparons maintenant les deux termes dans lesquels se résume cette question : l’administration a perçu 992 millions en 1829, et elle a dépensé 128 millions pour les percevoir ; l’administration a perçu 1,334 millions en 1846, avec une dépense de 154 millions : la proportion de l’augmentation dans les frais ne reste-t-elle pas, malgré le perfectionnement des services, bien au-dessous de celle de l’augmentation dans les recouvremens ?

Le trésor ne recouvre pas pour lui seul, et même il ne garde pas tout ce qu’il recouvre pour son compte. Il est le percepteur et le caissier des communes : il reçoit et il leur rend le produit des centimes additionnels imposés pour payer leurs divers services ; c’est une recette purement nominale ; elle s’élève ou s’abaisse suivant l’activité des travaux communaux ; elle atteint aujourd’hui 50 millions. Le trésor reçoit les droits de douanes sur toutes les matières premières extraites de ses entrepôts ; mais si ces matières premières sont exportées sous forme de marchandises fabriquées, il restitue les droits qu’il a perçus. Sans cette restitution, la concurrence sur les marchés étrangers serait et interdite à nos fabricans. Le revenu public est privé d’un bénéfice, mais le travail national bénéficie d’une main-d’œuvre. Ainsi, dans les frais de perception, l’accroissement de dépense indique un accroissement plus considérable de recettes ; dans les restitutions, l’accroissement de dépense est indifférent ; il est couvert par une recette exactement équivalente. C’est donc fausser la comparaison des dépenses de deux exercices que d’y comprendre ces deux parties du budget.

Tout l’intérêt de cette comparaison se concentre sur les services généraux des départemens ministériels. Considérons séparément les services militaires ; ils se règlent par d’autres causes que les services civils ;