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bâtimens surtout, sont d’une supériorité marquée sur les bâtimens analogues de la flotte anglaise, supériorité de construction, supériorité d’armement. Nos installations, notre arrimage, sont défectueux en certaines parties : un consciencieux ouvrage récemment apprécié dans cette Revue l’a prouvé ; mais c’est un point secondaire dans la discussion qui nous occupe. S’il s’agit de bâtimens à vapeur, en moyenne les nôtres sont inférieurs à ceux des Anglais, non pas pour les coques, il y a une moyenne d’égalité, mais pour les machines. La cause de cette infériorité provient de toutes les facilités, de toutes les ressources que présente l’Angleterre pour les travaux de fer. Les matières premières, principalement le fer et le charbon, y abondent et y coûtent moins cher qu’en France, et les ouvriers qui emploient ces matières sont plus exercés et plus aptes que les nôtres, parce qu’en Angleterre on construit trois fois plus de machines qu’en France. Malgré cette cause d’infériorité dont on nous fait si injustement un crime, nous avons certains vapeurs qui égalent, s’ils e surpassent, ceux des Anglais. Nos machines ont plus lourdes, ce qui nécessite des coques plus lourdes ; elles sont ainsi plus propres au remorquage. On a dit avec raison que nos vapeurs n’allaient pas assez à la voile, et dépensaient ainsi, en suivant les escadres, beaucoup trop de charbon. On s’était, en effet, jusqu’à ces derniers temps, préoccupé exclusivement du moteur nouveau, qui offre tant d’avantages. Récemment, des mesures ont été prises pour qu’à l’avenir la vapeur soit l’exception, la voile la règle. On gagnera en charbon ce qu’on perdra en rapidité.

L’établissement d’Indret ne pouvait échapper au feu roulant d’attaques qui a été tiré sur la marine. Cet établissement était une nécessité lorsqu’il a été créé. On ne savait pas encore ce qu’on pouvait attendre de l’industrie privée dont quelques essais avaient été malheureux. Indret a donc été établi. Aujourd’hui, l’expérience a démontré que l’industrie privée pouvait suffire aux besoins du service ; mais le gouvernement ne peut pas rester à la merci du commerce. Si ce principe n’est point admis en Angleterre, il l’est généralement en France, où les ressources du commerce sont moins étendues. On a donc conservé Indret, et on doit le conserver. Le prix auquel les constructeurs privés offrent aujourd’hui les machines n’est pas trop élevé parce que nous avons Indret.

On a dit que nous avions un trop grand nombre de types différens de bâtimens ; mais c’est le signe le plus évident du progrès. Il a bien fallu faire des essais dans un genre de construction encore inconnu, car je pense qu’on n’a voulu parler que des vapeurs. Quelques-uns n’ont pas réussi certainement ; mais aucuns ne devaient être pareils, car, personne n’étant encore arrivé ; en cette matière à la perfection, le bâtiment le plus récemment construit devait toujours être un essai de