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la grande renaissance du XVIe siècle, l’art flamant-bourguignon dut céder le terrain à un art bien autrement élevé, élevé de toute la supériorité de l’intelligence sur la matière. Il rentra chez soi et se cantonna dans ses limites naturelles, c’est-à-dire dans les provinces comprises entre le Rhin inférieur, l’Yssel, la Scarpe et l’Océan. La même il eut à soutenir une lutte sérieuse contre l’invasion ultramontaine, qui l’y poursuivit, et dont il ne put triompher sans faire bien des concessions et des sacrifices.

Nous ne pouvons, on le voit, entièrement partager l’opinion de M. Léon de Laborde en ce qui touche l’importance de l’art flamand, mais nous devons reconnaître l’intérêt et la nouveauté des recherches destinées à soutenir sa thèse. Le volume qu’il publie aujourd’hui renferme une masse singulièrement compacte de documens originaux, tous relatifs aux arts, aux lettres et à l’industrie, et qu’il a extrait des archives de plus de vingt villes des Flandres ou dépendantes de l’ancien duché de Bourgogne. Ces documens sont choisis et classés avec une intelligence qui n’appartient qu’à l’homme qui sait, et, par cela seule qu’ils existent et qu’ils sont réunis, ils prennent un grand intérêt. L’introduction qui précède ces extraits, les notes qui les accompagnent, les tables chronologiques, méthodiques et alphabétiques, qui les expliquent, jettent les plus vives lumières sur cette époque de l’art, jusqu’à ce jour si pleine de ténèbres, dont M. de Laborde doit nous présenter le tableau, et nous font augurer favorablement du résultat de sa vaste entreprise.



Le Buffon de la jeunesse, zoologie, botanique, minéralogie, par P. Banchard, revu, corrigé et augmenté par M. Chenu[1]. — Il ne faudrait point juger cette publication par son titre, beaucoup trop modeste. C’est l’œuvre d’un homme réfléchi, positif, et pour s’adresser surtout à la jeunesse, le Buffon de Pierre Blanchard n’en mérite pas moins l’attention des lecteurs d’un autre âge. M. Blanchard était un débris de ce XVIIIe siècle qui ramena l’esprit humain l’étude des phénomènes de la nature, et s’illustra par tant ’et de si mémorables découvertes. Il savait beaucoup de choses, et il les a consignées dans ses livres avec une bonhomie confiante, qui n’est pas sans charme. Le Buffon de P. Blanchard a été revu par M. le docteur Chenu, qui s’est fait connaître par d’importans travaux sur l’histoire naturelle Le texte original a été soumis à un scrupuleux examen ; on a tenu compte des faits récemment acquis à la science ; on a redressé les assertions erronées, éclairci les explications embarrassées, beaucoup ajouté aux renseignemens incomplets. Une classification méthodique des corps organisés et inorganisés couronne toutes les modifications heureusement introduites dans l’œuvre primitive de P. Blanchard. Au reste, ceux qui ont lu les Leçons élémentaires d’histoire naturelle adressées à M. François Delessert par M. le docteur Chenu savent assez tout ce que le Buffon de la Jeunesse a pu gagné entre ses mains de valeur scientifique. Un traité de zoologie, de botanique et de minéralogie à l’usage des gens du monde, un livre où la science se fait claire et attrayante, sans concession à des goûts puérils ou frivoles, nous paraît convenir de tout point au temps présent. N’est-il pas opportun de rappeler quelle action bienfaisante peut exercer l’étude de la nature, quelles douces émotions,

  1. Un beau volume grand in-8, illustré de 100 planches. Paris, 1849, Belin-Leprieur et Morizo, libraires-éditeurs, 5, rue Pavée-Saint-André-des-Arts.