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La Saxe et le Hanovre ont déjà adhéré à ce projet, à cette charte des trois rois, comme on l’appelle. Cette charte qui a obtenu tout récemment, sur la proposition de M. Camphausen, l’appui de la première chambre de Berlin, aura, nous le souhaitons, le même succès à Hanovre, à Dresde, à Munich, Stuttgart, à Carlsruhe, partout où la révolution de 1848 a élevé ou affermi des tribunes. C’est en se dévouant aux choses possibles que le parti constitutionnel réparera les fautes des doctrinaires de l’unité, et c’est par un sérieux, accord avec ce parti que les royautés vaincront toutes les difficultés de l’avenir. Ni la Prusse ni l’Autriche ne peuvent retourner en arrière ; elles sont tenues d’accepter sincèrement les deux révolutions de mars. Le triomphe de l’école féodale et piétiste serait le triomphe de la Russie, et, après avoir profité à regret de ce dangereux allié, Vienne et Berlin doivent songer à se fortifier contre lui. Combien il serait beau pour les gouvernemens, après les désordres de ces deux années, de repousser les conseils d’une réaction aveugle et de relever eux-mêmes le parti constitutionnel ! Dans la situation présente de l’Allemagne, ce ne serait pas seulement une conduite généreuse, ce serait la plus féconde des politiques. Les révolutionnaires ont compromis l’ancienne unité de l’Allemagne et mis les libertés en péril ; que les gouvernemens réparent tous ces désastres, qu’ils jettent les bases de l’unité nouvelle, qu’ils assurent à la société moderne les légitimes garanties réclamées par le progrès de la raison. Les révolutionnaires ont amené la Russie en Allemagne ; que les gouvernemens, en relevant le parti libéral, protégent l’Allemagne contre l’influence russe. De toutes les victoires remportées à Dresde et à Leipzig, à Berlin et à Vienne, aucune, assurément, n’aura été plus décisive que celle-là pour la ruine de la démagogie.


SAINT-RENÉ TAILLANDIER.