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devoir absorber 94 millions en 1850. Le service général de l’intérieur n’a subi que des variations peu importantes. De 43 millions, chiffré de 1847, il va descendre, en 1850, à 31 millions : la différence est considérable, mais elle ne contient qu’une économie sérieuse, le retranchement de 1 million sur les dépenses secrètes ; le reste tient à la suppression d’allocations temporaires, telles que les 5 millions accordés en 1847 en considération de la disette aux bureaux de bienfaisance, et les 8 millions consacrés à des travaux communaux. Il reste cependant à opérer l’économie des 3 millions qui sont portés au budget pour l’entretien de la garde nationale mobile. Que les jeunes gardes qui veulent servir leur pays dans la carrière des armes s’enrôlent dans les rangs de l’armée.

L’effectif de l’armée étant, en 1829, de 255,323 hommes et de 46,863 chevaux, dont l’entretien coûtait 214 millions. En 1836, au prix d’une dépense de 227 millions, la France entretint une armée de 303,569 hommes dont 25,000 sur le pied de guerre, et 56,760 chevaux. En 1847, le budget de la guerre est porté à 349 millions ; en 1849, il s’élèvera probablement à 380 millions ; le chiffre indiqué pour 1850 est de 326 millions, destinés à l’entretien de 387,000 hommes et de 87,000 chevaux.

Le budget de la marine pour 1850, si l’on en déduit la dépense des colonies, est de 92 millions ; on revient, à 2 millions près, au chiffre de 1830.

Les dépenses de la guerre et de la marine en 1850 présentent un ensemble de 418 millions. Voilà le corps de bataille du budget. C’est la masse contre laquelle se ruent les économistes peu clairvoyans, ceux qui comptent pour rien les nécessités de l’ordre public et celles de la défense extérieure. Gardons-nous de donner dans ces rêves de paix, qui ne sont pas de notre siècle. La France est condamnée, par sa situation géographique et politique, même dans les temps de calme, à faire les frais d’un état militaire qui commande le respect. Toutes les fois que les gouvernemens ont laissé notre armée s’affaiblir, il a fallu bientôt, sous la pression des événemens, ajouter les dépenses aux dépenses pour combler à la hâte les vides que cette négligence avait ouverts. Il n’y a qu’un moyen de s’épargner ces efforts extraordinaires, c’est d’être toujours prêt et de conserver notre rang parmi les puissances militaires de l’Europe.

J’ajoute qu’à l’intérieur l’armée est le boulevard de l’ordre : le sentiment du devoir s’est réfugié aujourd’hui sous les drapeaux, comme l’honneur dans la première république. En diminuant la force de l’armée, on réduirait les chances de l’ordre, au moment où le parti qui attaque l’existence même de la société conspire avec un redoublement de perversité et de violence.