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dont l’administration nous paraît pouvoir disposer sans inconvénient pour les jeunes gens pourvus des diplômes de, l’éducation intermédiaire, sont, par exemple, tous les emplois inférieurs des finances et des travaux publics dans leurs diverses branches, l’enregistrement les contributions indirectes, les douanes, etc. Il n’y en aurait pas pour tout le monde assurément, et il y aurait encore des mécontens ; mais sait-on quel serait, suivant nous, le moyen de les réduire au plus petit nombre possible ? Nous le répétons, dussions-nous en fatiguer le lecteur, ce serait que l’administration voulût bien conférer les nominations de ces divers emplois aux chefs de service qui siégent au chef-lieu de chaque département. Par une disposition naturelle, ce chef choisirait alors ses nouveaux sujets parmi les jeunes candidats sortant du collège même du département. N’ayant qu’un petit nombre de nominations à faire, et dans un nombre restreint aussi de personnes qui se connaîtraient et s’apprécieraient à peu près toutes, l’opération n’aurait plus ce caractère de confusion et de hasard qu’elle prend à Paris dans les bureaux du ministère. Chacun saurait combien d’emplois sont vacans, et quels titres ont les concurrens qu’on lui préfère. Cela pourrait tempérer l’expression, sinon la vivacité des regrets de ceux qui se verraient écartés. Plus d’empressement d’ailleurs à venir à Paris ; l’intérêt même pousserait chacun à rester chez soi : ce qui attire aujourd’hui vers la capitale retiendrait dans le département. Plus de sollicitations et par suite de récriminations ouvertement adressées à un ministre responsable et mêlé à la politique. Nous savons quelles objections l’administration fait à ce système et l’importance qu’elle attache à isoler ses agens pour être servie par eux en liberté, sans craindre les influences de famille. Ce raisonnement nous toucherait, nous l’avouons davantage, s’il ne tenait pas du conquérant plus que du souverain, s’il ne ressemblait pas tant à celui des gouvernemens qui soudoient des étrangers pour être plus sûr de frapper fort, en cas d’émeute.

Tel serait, suivant nous, le moyen de donner en France à l’éducation intermédiaire l’importance qui lui a manqué jusqu’ici et qu’ont, en Allemagne, par exemple, les écoles de genre, qu’on appelle écoles réelles. Tel serait le moyen de leur attirer des élèves sérieux et de donner de la vie à leurs études. Par ce procédé, on soulagerait en même temps l’éducation littéraire de tout le bagage d’élèves incapables, indifférens et dégoûtés qu’elle traîne aujourd’hui péniblement après elle, et qui alourdit en quelque sorte son enseignement. L’examen que nous avons proposé d’établir à l’issue des classes de grammaire fait justice de tout ce qui ne peut ou ne veut pas approfondir l’étude des lettres. Dans cette supposition, par conséquent, il ne reste plus, dans les classes de lettres, que des élèves laborieux, relativement distingués, en état de comprendre et de suivre un enseignement élevé. Ces classes se réduisent nécessairement, par là, à un plus petit nombre. Chaque élève