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trois nécessités de notre guerre contre le parti du mal, les trois conditions de sa défaite mortelle et du salut de la France.

Ceci n’est contesté par personne au sein des partis qui compose le parti modéré. J’arrive aux difficultés pratiques où les incertitudes et les divisions commencent. Les partis monarchiques se mettront facilement d’accord sur la seconde des nécessités que je viens de signal la confection de nos institutions organiques. Sur ce point aussi, entre ces partis formant la majorité de l’assemblée législative et le pouvoir exécutif représenté par le président, aucun dissentiment grave n’est craindre. Il n’en est pas de même de la reconstitution du pouvoir de l’action du gouvernement. La constitution-Marrast attribue au président et à l’assemblée des prérogatives contradictoires : des conflits pourraient naître entre le président et l’assemblée sur l’action du gouvernement. Le parti légitimiste, le parti orléaniste, le parti bonapartiste, ont chacun une solution différente sur le problème de la reconstitution du pouvoir ; s’ils ne parviennent point à s’entendre, si, au lieu de s’unir pour agir, ils se combattent pour se neutraliser, il arrivera une de ces deux choses ou la reconstitution du pouvoir se fera mal, ou elle ne se fera pas du tout. Dans les deux hypothèses, celle du conflit entre le Président et la majorité de l’assemblée sur la marche du gouvernement, celle d’un dissentiment irréconciliable au sein des partis monarchiques sur la reconstitution du pouvoir, la cause de l’ordre social est perdue, le socialisme, et la révolution l’emportent. Je sors du raisonnement, j’entre dans les faits.

En 1852, il sera fait deux fois ou peut-être trois fois appel au suffrage universel, pour l’élection d’un président, d’une assemblée législative, et peut-être d’une assemblée chargée de réviser la constitution. Il faut supposer que cette épreuve s’accomplira, qu’elle ne sera empêchée par aucun accident violent, que la France arrivera régulièrement au terme de ces deux années. Ce n’est pas trop de deux ans pour se préparer à cette crise, car le succès doit infailliblement dépendre de la conduite que les partis suivront dès à présent. On peut dire aujourd’hui qu’entre le parti de l’ordre et le parti révolutionnaire l’épreuve sera décisive, car la question de la reconstitution du pouvoir y sera engagée. Si le principe de la constitution-Marrast l’emportait, si un nouveau candidat était élu à la présidence, la révolution continue. Si le scrutin populaire cassait la constitution-Marrast, le principe de la reconstitution du pouvoir est gagné, la révolution est vaincue sur sa base même : l’instabilité du pouvoir. Je demande comment le parti modéré, dans son exemple et dans ses fractions, doit aborder cette épreuve. Que peuvent les légitimistes, que peuvent les orléanistes, que peuvent les bonapartistes, pour le succès de cette journée ?