Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 5.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous. De combien d’avantages un point d’honneur stérile ne prive-t-il pas le commerce français et le budget de la marine, déjà si lourd ! Que la France imite l’Angleterre, qu’elle permette à ses croiseurs de se charger, toutes les fois que le retour en France sera direct, des valeurs nationales et étrangères, — les matières d’or et d’argent seulement, moyennant un fret égal à celui des navires marchands - les chargeurs y trouveront le double avantage de la diminution de la prime d’assurance et de la rapidité du transport. Que la France envoie chaque année une corvette de vingt-cinq à trente canons dans tous les ports de la mer du Sud : de cette double mesure résultera une rémunération pour les officiers de marine, qui méritent toujours et si bien du pays. Le commandement de cette corvette pourra être la récompense de services rendus, le budget de la marine sera dégrevé du surplus du fret, le commerce y gagnera, l’or et l’argent seront plus abondans chez nous ; l’or surtout, qu’on paie si cher en France, et qui se donne en Angleterre sans aucune prime. La monarchie de juillet avait pu apprécier tous ces avantages ; elle n’a pas voulu en profiter. Un tel dédain siérait-il à la république ? L’état de nos finances nous défend de le croire.


GABRIEL FERRY.