Je n’ai pas vu sans inquiétude M. Michelet aborder l’histoire de la révolution française. Ce n’est pas que les lumières lui manquent : sa vie est assurément une des vies les plus studieuses, son esprit un des plus savans de ce temps-ci ; mais il y a dans la nature même de ses travaux quelque chose qui contraste singulièrement avec le sujet nouveau qu’il a choisi. Ses études sur la Science nouvelle de Vico, recommandables à plus d’un titre, puisqu’il a su donner une forme nette et précise aux conceptions du philosophe napolitain, qui, dans le texte original, sont loin de posséder ce mérite, son Précis d’histoire moderne, analyse rapide et substantielle des trois derniers siècles, semblaient naturellement le préparer à la tâche qu’il vient d’entreprendre ; mais, disons-le franchement, son Introduction à l’histoire universelle, son Histoire de la république romaine, et surtout son Histoire de France depuis l’invasion germanique jusqu’à la mort de Louis XI, sont en contradiction manifeste avec le génie même de la révolution française. Pour comprendre tout ce qu’il y a de vrai dans notre assertion, il n’est
- ↑ 4 vol. in-8°, librairie de Chamerot.