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LA PREMIERE MOITIE


DU


DIX-NEUVIEME SIECLE.




L’année 1850 vient de commencer, et la première moitié du XIXe siècle est déjà tombée dans le domaine de l’histoire et du passé. Né sur un sol nu, sur une terre couverte de ruines, bercé dans les batailles, élevé dans les insurrections, il a commencé par une reconstruction et il continue par une immense destruction. À le considérer dans son ensemble, il est confus, sans ordre, sans logique, sans tendances nettes et définies. Des tâtonnemens, de périlleuses expériences, des aspirations inouies, des désirs vagues, d’excessives passions, des puérilités farouches, sont jusqu’à présent ses caractères distinctifs. Au-dessus de tous ces élémens qui s’assemblent sans se mêler, se heurtent sans parvenir à s’entre-détruire, plane comme le grand fantôme de la fatalité. Jamais siècle n’a été autant un siècle de vieillards et d’enfans, de radotage et de puérilité. Les ruines, malgré tous les efforts du radicalisme, persistent à vivre avec une ténacité singulière ; les germes, malgré le sang et les larmes dont on les arrose sans cesse, ne peuvent grandir ; la sève ne peut pas se développer, la mort ne peut pas arriver. Jamais société n’a été placée dans des conditions de santé plus déplorables, n’a eu des fortunes plus diverses. Le XIXe siècle a jusqu’ici mené une vie d’aventurier et de courtisane : aujourd’hui au plus haut degré