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LA BAVOLETTE.

PREMIÈRE PARTIE.

I.

Peu de temps après la mort du roi Louis XIII, il y avait au village de Saint-Mai nié une pauvre paysanne dont une méchante masure, une vache et quelques poules composaient tout le bien. On l’appelait dame Simonne. Au point du jour, elle allait vendre du lait à la porte SaintAntoine, et revenait travailler jusqu’au soir pour gagner le juste nécessaire. Souvent elle prenait encore sur le temps du sommeil pour sauver à grands coups d’aiguille les débris de son trousseau. A force de courage et d’industrie, elle aurait pu joindre les deux bouts de l’année, si son mari n’eùtapporté dans le ménage plus de désordre que de profit. Maître Simon faisait des corbeilles d’osier qu’un marchand de Paris lui achetait ; mais il en allait boire régulièrement le produit, et ne rentrait à la maison que les poches vides et l’estomac plein pour quereller sa femme ; c’est pourquoi le chagrin et la misère avaient flétri le visage de dame Simonne plutôt que les années. L’unique consolation que le ciel eût donnée a cette paysanne était un enfant frais et charmant, d’un esprit précoce et du meilleur naturel du monde. C’était pour sa fille qu’elle veillait et travaillait assidûment. Dieu seul, qui sait le compte des peines et soucis des mères, pourrait dire à quel