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de nos finances date du temps de Philippe II, que ce malheureux sol d’Espagne n’a pas cessé d’être sillonné, depuis 1800, par toute espèce de guerre : guerre d’invasion, guerre de succession, guerre de parti ; que la perte de nos colonies, dont les produits nous ont fait négliger pendant des siècles nos ressources intérieures, vint donner le coup de grace à nos finances, et tout homme qui se connaît tant soit peu en économie politique doit savoir combien il est difficile de remplir un vide creusé par tant de générations, de mettre l’ordre là où le désordre est enraciné, dans les intérêts et les habitudes d’une immense bureaucratie, etc.

« J’appelle aussi votre attention sur le tarif dernièrement publié, et qui, sans être une déclaration ouverte et franche en faveur de la liberté du commerce, peut être considéré comme un pas de géant dans le sens libéral. La prépondérance des manufacturiers catalans est un obstacle à une réforme plus franche. Cependant ces messieurs comprennent déjà que leur monopole ne sera pas éternel, que l’opinion publique se soulève contre leurs prétentions, et que le gouvernement et les cortès ne sont pas disposés à leur sacrifier le bien-être de la nation, les intérêts des consommateurs, de l’agriculture et du commerce. »


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.


Le duc d’Augustenbourg et la révolte du Holstein, par C. Wegener.[1] - La cause première des agitations dont le Danemark méridional a été le théâtre depuis plusieurs années n’est point demeurée inaperçue pour ceux qui ont envisagé de près la question. Ils ont de bonne heure remarqué que le mouvement n’avait pas le caractère de spontanéité qu’on se plaisait à lui attribuer en Allemagne, et que la main d’une puissante famille princière, intéressée à l’indépendance des duchés de Schleswig et de Holstein, se cachait derrière les démonstrations du parti germanique.

Des documens nouveaux, des lettres saisies durant la guerre récente, la correspondance des princes d’Augustenbourg, et surtout celle du chef de cette famille durant les six années qui ont précédé la révolution dernière, ne laissent plus aucun prétexte aux incertitudes. Il est démontré, par la curieuse publication de M. Wegener, que le duc d’Augustenbourg, aujourd’hui débordé par la démagogie allemande, a fomenté dans une pensée essentiellement personnelle, c’est-à-dire dans la pensée de rétablir la souveraineté féodale de sa maison, ces tendances germaniques hostiles au Danemark que l’on nous donnait comme des manifestations instinctives du génie de la race allemande.

Rien ne coûtait au noble duc, et si ce n’est dans la guerre, pour laquelle il ne semble point avoir de vocation, il a partout payé de sa personne. Il ne s’est point contenté de susciter et d’encourager les savans du Holstein, d’éditer leurs œuvres de ses deniers, de provoquer des démonstrations populaires, de dessiner et de mettre en circulation des bannières pour le duché imaginaire de Schleswig-Holstein ; il a lui-même parcouru une partie de l’Europe pour gagner les cabinets

  1. 1 vol. in-8o, Copenhague, 1849.