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LES QUESTIONS


POLITIQUES ET SOCIALES.




II.
DES CONDITIONS DE LA PAIX SOCIALE.




S’il y a un fait menaçant dans la situation politique et sociale de la France et de la majeure partie du continent européen, c’est la division qui partage la société en deux camps : d’un côté, les classes riches ou aisées ; de l’autre, le grand nombre qui vit d’un labeur manuel dans les villes et dans les campagnes. Les ouvriers comparent leur condition à celle des classes mieux pourvues : c’est la maladie du siècle, une épidémie qui a envahi toute la société du haut en bas, de ne regarder qu’au-dessus de soi, pour y prendre ses termes de comparaison. Moins dénué que ses devanciers, l’ouvrier est bien plus privé et plus mécontent, parce que le contentement résulte de l’équilibre entre les désirs et les jouissances, équilibre rompu désormais. L’ouvrier est persuadé que la misère qui le serre de près et qui saisit son voisin, sinon lui-même, est la faute de la société, le crime des riches. Les démagogues le lui ont dit avec le langage de la passion, et ils ont été écoutes, parce que le cœur de l’ouvrier était, à l’image de celui du riche, vide, de toute croyance et par conséquent de sympathies larges et franches L’ame de l’homme qui a cessé de croire est comme un