Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 6.djvu/512

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suppression d’un certain nombre de tribunaux ; mais on rencontrerait sur ce terrain la résistance des intérêts locaux ; résistance qui, même dans un gouvernement de centralisation, est à peu près invincible.

Il ne faut pas songer à diminuer les dépenses de l’instruction publique et des cultes, qui s’élèvent ensemble à 63 millions. Elles sont en effet, depuis quelques années, à l’état d’une progression constante : cette année encore, on vient d’augmenter les honoraires des instituteurs ; chaque année, les évêques et les conseils généraux demandent l’établissement de nouvelles cures. Évidemment, plus la société s’enrichit et s’éclaire, plus elle est tentée de consacrer des sommes considérables aux besoins spirituels de la population.

Le ministère du commerce est surchargé d’allocations de luxe. L’enseignement professionnel de l’agriculture, l’entretien des haras et des manufactures nationales, l’enseignement industriel et les encouragemens à la pêche maritime, chapitres qui absorbent annuellement plus de 10 millions, sont d’une utilité plus ou moins contestable ; mais l’opinion des assemblées accueille avec faveur ces créations, pour la plupart éphémères. Le ministère du commerce lui-même, qui n’a rien à faire, puisqu’il ne s’occupe que très accidentellement de remanier les tarifs de nos douanes, est celui que la tourmente révolutionnaire a le plus respecté, et qui, au milieu de cette destruction universelle, a trouvé le moyen de s’agrandir et de s’arrondir[1].

Le ministère des travaux publics obtient un crédit de 53 millions pour les travaux ordinaires. Sur cette somme, la solde du personnel, ingénieurs et conducteurs embrigadés, exige une allocation de 8 millions. Les travaux à la charge de l’état ayant été réduits de moitié, il semble que ce nombreux personnel pourrait subir des réductions équivalentes. On n’a pas besoin, pour exécuter 100 millions par année de travaux ordinaires ou extraordinaires, du même état-major d’ingénieurs et de conducteurs qui suffisaient à l’exécution de 200 millions de travaux. En simplifiant les formules qui consument le temps des ingénieurs en vaines écritures, on les rendra plus disponibles pour la surveillance des ateliers, et l’on étendra sans difficulté le rayon de cette surveillance. J’ajoute que l’état moral du personnel, dont le socialisme infecte les rangs, concourt, avec la considération d’économie, à solliciter impérieusement, sous forme d’exclusions, de larges et pressantes réformes.

Quant aux allocations destinées aux routes, aux canaux, aux rivières, aux ports de mer, elles sont généralement insuffisantes, et ne sauraient donner lieu à aucun retranchement. Le crédit des routes, réduit

  1. Le budget du commerce et de l’agriculture était en 1848 de 14,879,500 fr. ; il est en 1851 de 17,400,286 fr. Accroissement, 2,520,786 fr.