nouvelle. Pancrace, en qui elle est incarnée dans la Comédie infernale, Pancrace, le rationaliste et le révolutionnaire, triomphe sans peine du comte, en qui revivent avec éclat les traditions du vieux monde. À quoi bon ? À peine ce héros de la révolution a-t-il envahi le globe avec ses innombrables soldats, au moment même où il est maître unique et souverain, il sent son impuissance ; le problème redoutable se présente à sa pensée, et il tombe foudroyé dans le sentiment de sa misère en faisant l’aveu de Julien le philosophe, en reconnaissant l’incomparable supériorité et la victoire du Galiléen. L’église est représentée au milieu de ce drame par un prêtre qui n’a conservé que la lettre des traditions et des cérémonies saintes, et qui n’en pénètre plus l’esprit. L’esprit du christianisme n’en reste pas moins debout sur les ruines des deux civilisations qui s’éteignent successivement dans la personne chevaleresque du comte et dans celle de l’homme moderne, du novateur Pancrace.
Une pensée analogue à celle du poète anonyme est répandue dans le Venceslas d’Étienne Garczinski. Le poème s’ouvre par une scène d’impiété et de blasphème d’une beauté sinistre pour finir également par un acte de foi qui n’en est que plus profond et plus vrai. Venceslas est l’œuvre inachevée d’un poète mort à vingt-sept ans, qui a tour à tour et sans succès cherché la foi dans l’église et dans le rationalisme ; comme le fait observer avec raison M. Mickiewicz, ce poème est une espèce d’autobiographie. Venceslas entre dans le temple le vendredi saint ; il salue le prêtre la malédiction sur les lèvres, en lui demandant ce qu’il a fait du monde et de la chrétienté : « Où est le Verbe qui s’est fait chair ? s’écrie-t-il ; où est-il ?… O Jésus-Christ ! tu as souffert pour l’humanité, te voilà mort sur la croix !… Et celui-ci, qui se croit ton disciple, veut t’imiter en lisant des livres de prières ! » Et, comme le prêtre le conjure d’arrêter ses blasphèmes : « Je crierai de toutes mes forces, continue-t-il, je ferai déborder ma parole comme un fleuve, tant qu’elle n’aura pas épuisé la source de ma pensée jusqu’à sa dernière goutte ; j’aurai la voix du tonnerre, le langage d’un homme libre ; je parlerai en sanglotant comme un enfant ; je crierai comme une mère après son premier-né emporté par un vautour ; je conjurerai les hommes, au nom de leurs anciens malheurs, de croire tout, excepté ce que vous dites, car, au lieu d’interposer votre parole toute-puissante pour protéger les peuples, vous vous bornez à les enterrer chrétiennement au sein de la terre, la seule mère que vous reconnaissiez. » Venceslas essaie de revenir à Dieu par la science, par les livres ; mais, s’apercevant tout aussitôt qu’il est dupe d’une illusion, il maudit les livres comme il a maudit le prêtre. « Que les vers et les rats s’engraissent de cette poussière ! pour moi, qu’ai-je tiré de mes parchemins et des instrumens de physique et de chimie ? Et cependant, quel