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général aurait eu l’air d’avoir plus de confiance qu’il n’en a réellement dans les mesures qu’il a proposées ; s’il ne lui appartient pas d’indiquer les remèdes généraux, il lui appartenait assurément de dire que les mesures de détail n’atteindraient pas le but, tant que la condition générale du pays ne serait pas améliorée. Il serait parfaitement inutile de réunir, à l’avenir, le conseil, et il eût été déjà inutile de le réunir cette année, si l’on n’avait pas l’espérance d’un retour quelconque de confiance et de sécurité. Voilà ce que le conseil a voulu dire, et c’était son devoir. Toute autre pensée serait une chimère, une illusion indigne d’hommes d’affaires sérieux.

Telle a été en résumé la session du conseil général ouverte le 7 avril et close le fi mai dans la soirée. Ce rapide aperçu suffit, ce nous semble, pour démontrer quelle peut être l’utilité de cette institution dans sa forme actuelle. Du reste, M. Dumas, ministre de l’agriculture et du commerce, qui a présidé tous ces débats avec beaucoup de tact et de présence d’esprit, a terminé la session par un discours où se révèle un peu plus clairement que dans le décret de convocation la pensée dernière du gouvernement sur l’avenir du conseil général. « Ces travaux en commun, a dit M. Dumas, ces discussions publiques, ces délibérations du conseil tout entier, tout était nouveau pour vous ; mais vous avez bientôt compris que ces nouveautés étaient de notre époque, et qu’elles vous étaient acquises pour toujours. Le conseil général est reconstitué ; sa session close, il existe toujours, et chacun de ses membres demeure le correspondant naturel, le conseiller direct et éclairé du ministère du commerce. » Ces déclarations sont formelles ; elles ne décident encore rien sur l’époque de la prochaine convocation du conseil général, mais elles posent en principe sa durée. On peut donc regarder, dès à présent, le conseil général réorganisé comme ayant repris rang dans nos institutions, en son ancienne qualité d’assemblée purement consultative, mais avec ce surcroît d’autorité que donne la puissance du nombre, de l’unité et de la publicité.


LEONE DE LAVERGNE.