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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 mai 1850.

La réforme électorale, voilà le grand événement de la quinzaine. Cette réforme était-elle nécessaire et urgente ? Par qui devait-elle être entreprise ? Sera-t-elle efficace ? Quelle est la politique enfin qu’elle semble inaugurer dans le parti modéré ? Telles sont les diverses questions qui se présentent aussitôt à l’esprit, et que nous voulons toucher rapidement.

À considérer le tempérament d’une notable portion du parti modéré, nous pouvons penser que, si, au lieu d’être vaincus dans le scrutin du 28 avril, nous eussions été vainqueurs, beaucoup de personnes auraient été d’avis que le suffrage universel avait du bon, et qu’il fallait attendre patiemment ce qu’il ferait de nous en 1852, quelle assemblée et quel président il nous donnerait. Quant à nous, nous ne pouvons pas nous reprocher d’avoir jamais pensé le moindre bien du suffrage universel. Nous avons toujours dit que c’était par là que nous péririons, qu’il nous avait sauvés la première fois, le 10 décembre 1848, par des causes qui n’étaient pas toutes bonnes, quoiqu’elles aient toutes contribué au bien ; que la seconde fois, c’est-à-dire aux élections de 1849, il ne nous avait pas tués : c’était là tout le service qu’il nous avait rendu ; mais que la troisième fois il nous tuerait infailliblement, et que les élections partielles que nous aurions jusqu’à l’élection générale de 1852 seraient des signes certains du danger qui nous menace. Voilà quelle a été dès l’origine notre conviction ; nous savions en effet d’où venait le suffrage universel, quels étaient ses auteurs et ses causes. Il n’est pas né de la constituante : il a précédé cette assemblée ; il vient du gouvernement provisoire, et quand ceux qui l’avaient créé tout d’une pièce l’invoquaient dans les premières élections de la république, nous savons qu’ils ne lui demandaient pas des élections impartiales et sincères qui expri-