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et ceux de gauche ; elle existe non-seulement dans l’arrangement des scènes représentées de chaque côté, mais encore dans le caractère et le costume des personnages qui les composent : cette nuance est si tranchée, qu’au premier coup d’œil il est impossible de ne pas comprendre que deux ordres d’idées bien distincts ont dû présider à la composition de ces deux grands tableaux. À gauche, on reconnaît les gens du roi, les officiers du palais, les courtisans. À droite, ce sont des individus d’une autre classe, des artisans, des gens de campagne. Si l’on en juge par la diversité de leurs costumes, de leurs attributs, il est bien à présumer qu’ils représentent les diverses nations ou peuplades constituant l’empire de Perse.

Les personnages du tableau de gauche ne sont que de deux sortes, c’est-à-dire qu’ils ne portent que deux costumes différens. Ils se présentent alternativement, soit vêtus d’une robe longue à manches amples, coiffés d’une tiare large et à côtes, soit couverts d’une petite tunique s’arrêtant aux genoux et tombant sur des pantalons larges, avec une coiffure arrondie en forme de casque. Leurs cheveux, frisés avec soin, forment de grosses touffes sur leur cou, et leur barbe, également soignée, est taillée en pointe. Ils sont tous armés d’un poignard passé dans leur ceinture ou pendant sur le côté et retenu par un baudrier. Parmi eux, il y en a qui portent à la main une espèce de bouquet. L’usage de porter des bouquets, qui semble avoir été fort répandu parmi les anciens habitans de la Perse, à en juger par les bas-reliefs de Tâkht-i-Djemchid, cet usage s’est perpétué jusqu’à nos jours. Les Persans trouvent de très bon goût d’avoir une fleur entre les doigts pour l’offrir à un ami, ou faire une politesse au premier venu qu’on rencontre. La jacinthe est leur fleur de prédilection. Quant à l’arc qui pend au côté de quelques-uns de ces personnages, on doit le considérer comme l’emblème de la profession militaire. Toutes les figures représentées sur le tableau de gauche portent d’ailleurs un collier, marque d’une dignité, d’un rang élevé dans l’état. Le sculpteur a voulu évidemment consacrer cette partie de son œuvre aux officiers, aux hauts fonctionnaires, en un mot aux dignitaires de l’empire. Cette première série marche vers le perron central, comme pour en gravir les degrés, et elle est précédée d’une espèce de garde d’honneur figurée par quatre-vingt-quinze personnages armés de lances.

L’arrangement des sculptures qui ornent l’autre partie du mur n’est pas le même. Les bas-reliefs qui s’y trouvent, au lieu de former un ensemble de sujets et de figures continu d’un bout à l’autre, se composent de plusieurs scènes variées. Un cyprès, placé symétriquement de chaque côté de ces tableaux partiels, les sépare les uns des autres. Les figures qui y sont sculptées doivent être considérées comme représentant des gens de diverses corporations, castes ou tribus de l’em-