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niches. Les massifs intermédiaires, assis sur une base solide et restée en place, étaient sans doute construits avec des matériaux plus petits, plus facilement destructibles, en pisé ou en briques. C’est du moins ce qu’on peut induire de la disparition totale de ces massifs. C’est à la solidité des blocs dont se composaient les ouvertures que l’on doit de retrouver les innombrables sculptures qui font aujourd’hui l’admiration des voyageurs. L’heureux mélange de la sculpture et de l’architecture est un des traits caractéristiques de ces monumens. Ainsi on les a mariées si habilement, que l’on ne saurait les disjoindre, et que, pour séparer l’une de l’autre, il faudrait les mutiler toutes deux. On serait presque en droit de dire qu’à Persépolis l’architecture ne sert que de support, de cadre en quelque sorte, à la sculpture, qui, à son tour, s’est plu à orner et embellir sa rivale. On y voit partout la main du sculpteur. Les murs épais des portiques ou les rampes des escaliers, comme les jambages des portes, lui ont fourni de grandes assises de pierre d’un beau poli, sur lesquelles il a pu exécuter ces colosses des portiques ou ces élégantes figures qui peupleront encore, pendant des siècles, ces solitudes où l’antiquaire ira évoquer les grandes ombres des Perses de Xercès et rendre hommage aux combattans que la fortune trahit à Arbelles.

Deux idées semblent avoir présidé à l’exécution de tous ces reliefs : celle de la force, de la puissance, qui étonnent et commandent le respect, représentée par les colosses qui gardent les entrées de ces palais ; puis celle de l’élégance, de la pompe et de la majesté royales, qu’on retrouve dans tous ces tableaux où figurent le roi, ses officiers ou ses sujets de toutes castes, de toutes nations. Ces deux idées ont été également bien rendues : la première, par les proportions gigantesques et les formes vigoureuses des taureaux sculptés presque en ronde-bosse ; la seconde, par la suavité et la délicatesse d’exécution de tous ces personnages, qui, dans des proportions plus petites, décorent les intérieurs de tous ces palais ou les perrons par lesquels on y arrive.

Quelle que soit l’échelle sur laquelle ces sculptures ont été exécutées, on ne saurait dire qu’elles dénotent un art perfectionné et une science plastique avancée. Le ciseau, en effet, ne s’y montre pas savant : il a, au contraire, toute la naïveté d’une main jeune et peu expérimentée ; mais, en revanche, il possède les qualités de cette inexpérience, et, à part les proportions, qui ne sont pas toujours d’une exactitude rigoureuse, il y a dans l’observation et la copie de la nature une grande simplicité d’ensemble unie à une certaine recherche de détails, qui impriment aux créations du sculpteur un cachet de vérité et d’originalité plein de charme.

L’un des plus graves défauts que l’on soit en droit de relever dans ces sculptures, c’est le manque de mouvement, la raideur ; mais il ne