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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 7.djvu/487

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de l’académie de Leipzig, son influence souvent heureuse sur le théâtre, son infatigable activité, le patronage littéraire qu’il a exercé long-temps et dans des proportions si considérables, tout cela est exposé de la façon la plus complète et la plus neuve dans l’excellent travail de M. Danzel. L’auteur a eu à sa disposition des matériaux dont l’histoire littéraire n’avait pas encore profité, entre autres la correspondance de Gottsched avec les écrivains en renom de l’Allemagne et de la France, correspondance que la bibliothèque de Leipzig a soigneusement conservée, et qui ne forme pas moins de vingt volumes in-folio. Au milieu de ces documens qui, contiennent sans doute bien du fatras, au milieu de ces nombreux témoignages de l’importance un peu fastueuse et de la vanité de Gottsched, M. Danzel a démêlé avec esprit son vrai caractère, et il a éclairé d’une lumière inattendue une des périodes les plus intéressantes du XVIIIe siècle.

Dans son ouvrage sur la vie et les écrits de Lessing[1], M. Danzel ne pouvait pas espérer des résultats aussi neufs ; il a réussi cependant, à force de recherches et d’informations de tout genre, à rajeunir complètement son sujet. La vie de Lessing par M. Danzel est une de ces abondantes biographies littéraires comme en font les Anglais : les plus minutieux détails y trouvent place, toutes les compositions de l’écrivain y sont examinées à la loupe ; quant à ses rapports avec les hommes illustres et les événemens de son époque, ils sont nécessairement l’objet d’une dissertation spéciale. On devine tout ce qu’un pareil procédé.peut offrir d’inconvéniens graves entre des mains inhabiles. Heureusement pour l’érudition de M. Danzel, le choix de son héros est une sauvegarde : Lessing est un de ces esprits riches et actifs, une de ces fertiles natures qui remplissent aisément un siècle. La gloire de Lessing est précisément d’avoir tracé des sillons dans tous les sens : poésie, critique, érudition, théologie, philosophie, il a touché à tout et il a tout renouvelé. Étudier Lessing, c’est étudier le XVIIIe siècle allemand. M. Danzel s’est livré à ce travail avec une religieuse exactitude. Ce volume, qui embrasse seulement les vingt premières années de la carrière du grand critique, est une histoire de la culture intellectuelle en Allemagne pendant cette période ; le second volume, qui comprendra la Dramaturgie de Hambourg, l’Education du Genre humain et les controverses théologiques, offrira une matière plus intéressante encore aux infatigables recherches de M. Danzel. Bien que son livre, en effet, paraisse surtout consacré aux questions littéraires, l’auteur ne néglige pas les problèmes soulevés par le mouvement moral et politique dont les écrits de Lessing ont gardé l’empreinte. S’il est vrai que nous devions faire subir

  1. Gottlob Ephraim Lessing, sein Leben und seine Werke (Lessing, sa Vie et ses Écrits), par M. Danzel, Iet vol. Leipzig, 1850.