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du gouvernement), qui ne dépassaient pas, en juin 1849, 60 pour 100, valaient, en juin 1850, 92 pour 100.

Il est certain que le budget portugais présente un énorme déficit et que ce déficit impose de cruels sacrifices à ceux qui vivent du trésor ; mais le gouvernement et le parlement s’occupent avec sollicitude de parer à ces maux peu à peu et sans grever les contribuables de nouvelles charges, ce qui ne ferait que déplacer la difficulté. Quant à la masse de la nation, elle n’est pas mécontente, par la raison toute simple que, si ses finances publiques sont obérées, chaque jour fait éclore dans son sein de nouveaux élémens de richesse individuelle. Ce n’est que dans les pays économiquement très avancés, dans ceux où les forces fictives du crédit sont le principal aliment du commerce et de la production, que la pénurie de l’état implique rigoureusement la misère des particuliers. En Portugal, cette solidarité ne se manifeste encore que par son côté rassurant, par la bienfaisante réaction qu’exerce sur le trésor le progrès du bien-être national. Dans ces conditions, si aucun désordre ne vient détourner vers la politique proprement dite la merveilleuse activité que l’administration actuelle déploie dans les réformes d’intérêt matériel, et si surtout l’énergique volonté qui est l’ame de ces réformes n’est pas brisée ou mise à l’écart par quelque intrigue imprévue, le Portugal sera certainement revenu, vers la fin de 1851, et pour la dépasser bientôt, à la situation encore si regrettée de 1845.

Une nouvelle garantie d’ordre vient du reste d’être donnée au Portugal : nous voulons parler de la loi répressive des abus de la presse, loi déjà sanctionnée par la chambre des députés. Nous aurions le droit de nous croire blasés sur les excès de certain journalisme ; mais les feuilles septembristes de Lisbonne nous fourniraient encore, sous ce rapport, de nombreux sujets de surprise. À qui ne les aurait pas lues, il serait impossible de se faire une idée de ce brutal dévergondage de calomnies, chaque jour réduites à néant, chaque jour reproduites, et où l’outrage direct, nominatif, ne prend même plus la peine de s’abriter sous les élastiques prétextes de la discussion. C’est là, si l’on veut, l’indice des situations fortes, mais n’en est-ce pas aussi l’écueil ? On sait ce que des calomnies trop dédaignées firent chez nous, en deux ans, de cette situation de 1846 qui semblait défier les plus formidables chocs. Une semblable impunité serait plus dangereuse encore dans un pays où l’opinion est à peine formée et reste ainsi à la merci de toute pression un peu violente. À propos de cette loi, la monstrueuse fusion de l’absolutisme et de la démagogie s’est de nouveau révélée dans tout son jour. Pendant que le plus violent des journaux radicaux, la Rlevoluçao de Septembro, se livre à d’aristocratiques épigrammes