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LA


BANQUE DE FRANCE


ET LA


REPRISE DES PAIEMENS EN ESPECES.




M. le ministre des finances a tout récemment proposé à l’assemblée nationale une mesure que je crois prématurée, et qui, en tout cas, ne me paraît pas entourée des précautions ni des garanties nécessaires. Il a demandé l’autorisation, pour la Banque de France, de reprendre ses paiemens en espèces, qu’un décret du gouvernement provisoire avait suspendus. C’est la liberté de la circulation monétaire qu’il s’agit de rétablir, en levant l’interdit qui la frappe depuis le mois de mars 1848, et en effaçant les dernières traces du régime financier inauguré, sous la pression des désordres intérieurs par les dictateurs de cette déplorable époque.

J’écris à deux cents lieues des faits ainsi que des discussions. Je n’ai pas sous les yeux les documens auxquels se réfère le projet de loi, et j’en suis réduit aux ressources incertaines autant que bornées de la mémoire. L’urgence ayant été prise en considération par l’assemblée, ces réflexions ne seront vraisemblablement livrées à la publicité qu’après le vote de la loi ; elles perdront ainsi le caractère d’opportunité qui fait le principal mérite de la critique la mieux dirigée dans les matières politiques. Enfin, après l’accueil qu’a reçu le projet à la Bourse, et au milieu du mouvement ascendant qui a été imprimé aux fonds publics, mes observations pourront ressembler, malgré moi,