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celle des lettres, sur les districts métropolitains, c’est-à-dire sur Londres et ses dépendances ; la série sur les comtés agricoles’ est beaucoup moins avancée quant aux districts manufacturiers, il n’en a presque point été question encore, les mines du pays de Galles et Liverpool ayant jusqu’ici fait les frais de presque toutes les lettres de cette série. Cette abondance d’un côté, cette indigence de l’autre, se retrouvent précisément au même degré dans le livre de M. Ledru-Rollin. La publication du Chronicle n’est point une nouveauté ; il n’est pas de journal anglais qui n’ait fait plusieurs fois ce que fait en ce moment le Chronicle. Dans ces quatre ou cinq dernières années seulement, le Times a publié une enquête sur l’Irlande, qui est un chef-d’œuvre en ce genre et qui a fait la réputation de M. Forster le Chronicle outre une enquête sur l’Irlande contemporaine de celle du Times, en a publié une sur l’instruction publique en Allemagne, et une autre sur la condition des classes agricoles dans le même pays. Ajoutons que jamais le Chronicle n’a prétendu attribuer aux lettres de ses correspondans d’autre autorité que celle de leur valeur intrinsèque. Il n’en peut être différemment d’une enquête faite en son propre nom par un individu isolé avec les ressources d’une entreprise particulière, sans aucun caractère public et sans contrôle. Tant vaut le narrateur, tant valent l’es récits. Il n’y a donc, dans les publications du Chronicle rien d’officiel, et il est puéril d’y voir un monument national.

C’est cette enquête que M. Ledru-Rollin n’a guère fait que traduire et résumer alternativement. En retranchant ces citations et ces analyses, il ne resterait pas la valeur de dix pages de toute cette partie de son livre. Peu importerait au fond, si ces analyses étaient fidèles ; mais voici ce que le Chronicle s’est empressé de nous apprendre aussitôt après la publication du second volume de la Décadence :

« Quelle que soit l’ignorance des Français sur l’Angleterre, nous étions à peine préparés à l’accumulation d’erreurs, d’exagérations et d’extravagances que M. Ledru-Rollin vient de présenter au public européen sous ce titre : la Décadence de l’Angleterre. Le second volume, qui vient de paraître, est encore plus rempli d’erreurs surannées, de conclusions illogiques, de théories sans fondement et de rapsodies insensées. Bien des gens penseront que tout cela porte sa réfutation avec soi ; néanmoins, le même sentiment de devoir qui nous a déterminés à critiquer le premier volume nous contraint à dire en passant quelques mots du second, d’autant plus que nous voyons que presque tous les matériaux de ce volume aussi bien que du précédent, sont ouvertement tirés de nos lettres sur le Travail et le Pauvre. L’enquête du Chronicle comme il lui plaît d’appeler les recherches de nos correspondans, est sa principale, pour ne pas dire sa seule autorité. Avons-nous besoin d’ajouter que ses extraits ont été laborieusement choisis et étrangement mutilés (curiously garbled) pour démontrer sa grande conclusion, à savoir, que la population de l’Angleterre a toujours été en s’appauvrissant et en se dégradant, jusqu’à ce qu’elle soit devenue