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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 7.djvu/984

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fort ignorés, M. Rey et M. Cottu, ont été ses guides de prédilection. Mieux aurait valu s’adresser à la Revue d’Édimbourg, où depuis quarante ans des hommes comme Brougham, Mackintosh, Sydney Smith, Jeffrey, Macaulay, ont soumis à une critique pénétrante et hardie toutes les institutions anglaises. S’il fallait quelque chose de plus vif, il n’est point de question sociale que les radicaux, que les élèves de Bentham n’aient débattue dans la Revue de Westminster contre la grande revue tory ; mais l’écrivain révolutionnaire., pressé sans doute par le temps a préféré des jugemens tout faits, et il s’est laissé séduire par une classe de livres qui forment comme une littérature à part, et que la fin du dernier siècle et les premières années de celui-ci ont vus éclore en foule. Ce sont de petits pamphlets, souvent à deux colonnes, dont le prix varie de 2 à 5 shillings, et qui ont pour objet de censurer une institution, un établissement, une loi, un usage bon ou mauvais. Les Anglais les appellent les livres noirs par opposition aux publications parlementaires, qui sont invariablement revêtues d’une couverture bleue. Il n’est pas d’institution en Angleterre, royauté, parlement, église, universités, qui n’ait eu vingt éditions de son livre noir. M. Ledru-Rollin a puisé sans ménagement à cette source suspecte. Loin de soupçonner que ses guides avaient pu être entraînés par la passion ou par la mauvaise foi, il n’a même pas pris le soin de s’assurer si, depuis la publication des livres noirs qu’il cite ou qu’il suit, des réformes n’avaient pas été accomplies. Quand par hasard ses observations portent juste, elles arrivent cinquante ans trop tard.

Le journal le Chronicle était dans une position toute particulière vis-à-vis de l’auteur de la Décadence. La partie essentielle de ce livre, celle qui devait justifier son titre paradoxal, c’est la description de l’état social de l’Angleterre : elle a été tirée tout entière des colonnes du Chronicle, et l’écrivain français, ne pouvant dissimuler la perpétuité de ses emprunts, s’en fait un argument, et se retranche sans cesse derrière ce qu’il appelle une enquête dirigée par d’anciens ministres et acceptée comme un monument national. Voici quelle est la valeur de cette assertion. Depuis que le Chronicle, après avoir été long-temps k’irgabe dy oartu whig, a été acquis en 1847 par quelques-uns des anciens collègues de sir Robert Peel, par ceux qu’on appelait les jeunes peelites, et qu’il s’est trouvé sous l’influence du comte de Lincoln, de M. Gladstone, de M. Cardwell, de M. Sydney Herbert, philanthrope zélé, il a consacré plus d’attention et d’espace à toutes les questions d’assistance et de charité. En octobre 1849, ce journal a commencé, sous ce titre : le Travail et le Pauvre, la publication d’une série de lettres sur la situation des classes laborieuses en Angleterre. Ces lettres forment des séries distinctes qui se poursuivent parallèlement, mais d’une manière très inégale. La seule série qui ait pris un grand développement est