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la ligue d’intérêts divers réunis contre le roi ou contre le ministère. À dater de ce moment, tout le poids des dotations dut retomber sur la liste civile et sur le domaine privé, contre toute convenance et contre toute équité, car, on ne peut trop le répéter, le domaine privé était réellement et absolument insuffisant pour y faire face.

En janvier 1832, M. Dupin portait le revenu net du domaine privé à 1,300,000 francs ; encore, pour que le produit net de cette année et des années suivantes pût être regardé comme parfaitement liquide ; il aurait fallu admettre cette supposition, contraire au bon sens comme à la vérité, que le roi ne ferait dans ses anciennes résidences princières d’autres dépenses de bâtimens, de parcs et de mobilier que celles absolument indispensables pour leur conservation. Il eût entièrement renoncé à ces travaux d’embellissement qui devaient être une des gloires de son règne, comme elles avaient déjà fait l’honneur du duc d’Orléans. De 1840 à 1847, en ne portant au compte des charges du domaine privé aucun des travaux neufs faits dans les résidences de Neuilly, d’Eu, de Bizy, de La Ferté-Vidame et de Dreux, mais seulement les travaux de conservation et d’entretien, on trouve que le produit net du domaine privé n’a pas atteint 1,500,000 francs. Rapprochons maintenant de ces chiffres les dépenses qu’occasionnaient au roi les princes et les princesses de la maison royale ; ces dépenses étaient de deux sortes :

1° Celles de la vie commune ou intérieure, qui consistaient en dépenses de bâtimens, de mobilier, de nourriture, de chauffage, d’éclairage, etc.

2° Les pensions, les services d’honneur, les services personnels, les écuries, les voyages, les présens, les encouragemens et les dons de bienfaisance accordés par les princes.

Les dépenses de cette dernière catégorie étaient régulièrement constatées par des pièces à l’appui et par des comptes exactement tenus, qui nous permettent d’en mettre le tableau pour plusieurs années sous les yeux du public :


fr.
1843 2,479,592
1844 2,970,871
1845 2,720,410
1846 3,201,266
1847 2,392,293

Les dépenses de la vie commune échappaient, par leur nature même, à la spécialité et à la division par personnes ; l’évaluation en semblerait donc fort difficile, s’il n’existait un terme de comparaison qui conduit à une appréciation convenable. Le roi Charles X, de 1825 à 1830, avait évalué à 1,800,000 francs les dépenses de la vie commune pour les princes et princesses de sa maison ; chaque année, cette somme était