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la rue de la Surintendance, lorsque la révolution de février vint opposer un fatal obstacle à la réalisation de cette patriotique pensée.

Enfin le roi n’aurait pas cru lui-même à l’achèvement de son œuvre, si la pensée créatrice du musée de Versailles n’avait pas été complétée par un grand travail historique, et si l’art de la gravure n’avait pas été appelé à rendre, par une reproduction fidèle, le nouveau musée accessible à ceux-là même qui ne pouvaient venir l’admirer de tous les points de la France et de l’Europe. La plus grande partie du travail historique avait paru avant le 24 février 1848, sous le titre de Galeries historiques du palais de Versailles[1]. Il avait été confié par le roi aux savantes recherches de M. À Trognon, ancien précepteur de M. le prince de Joinville. L’impression était faite aux frais de la liste civile par l’imprimerie royale. Le roi n’a pas cessé de suivre de l’œil cette importante publication ; il en a même écrit quelques pages. Neuf cent soixante exemplaires étaient gratuitement distribués, et chaque volume, aussitôt après avoir paru, était envoyé spécialement et sans exception à toutes les bibliothèques de France. Quant à l’œuvre de gravure, la liste civile n’en faisait pas directement les frais ; le roi est venu seulement en aide à un habile éditeur, M. Gavard, au moyen d’une subvention totale de 1 million environ, consacrée bien moins à l’éditeur qu’à l’art de la gravure, aux artistes qui le cultivent, à toutes les industries qui s’y rattachent et aux nombreux ouvriers qu’elles font vivre[2]. C’est ainsi que la résurrection de Versailles a été à la dois un accroissement du domaine de l’état, un encouragement pour les arts, et une nouvelle source de prospérité pour le travail national.

Pendant que le palais de Versailles reprenait son ancienne splendeur, les autres monumens de la couronne avaient aussi leur part d’améliorations annuelles et d’embellissemens progressifs. Le palais de

  1. Neuf tomes, dont le sixième en deux volumes, avaient déjà reproduit la plus grande partie du musée de Versailles ; le dixième tome, déjà commencé, devait être consacré aux portraits du règne de Louis XIV ; le onzième, aux portraits des règnes de Louis XV, de Louis XVI et de la révolution française ; le douzième, aux portraits du consulat, de l’empire et des règnes de Louis XVIII, de Charles X et de Louis-Philippe ; le treizième, aux sculptures, et le quatorzième, aux résidences royales et aux plans ; enfin un quinzième volume de supplément devait être réservé pour les galeries et les salles qui pourraient être ultérieurement construites.
  2. Pour donner une idée de l’étendue de ces divers encouragemens, il suffira de dire que M. Gavard a payé pour les trois éditions in-f°, in-40 et in-8o seulement des Galeries historiques, et sans y comprendre en rien les dépenses relatives aux parties détachées et publiées à part :
    Au commerce de papier 456,000 fr
    Aux imprimeurs et typographes 70,000
    Aux imprimeurs en taille-douce 102,000
    Aux graveurs et aux dessinateurs environ 1,000,000
    Total 1,818,000 fr.