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Qu’il ne veuille pas reconnaître un sentiment généreux dans la sollicitude qui préservait sur le sol étranger la liberté d’un autre neveu de l’empereur ;

Qu’il perde le souvenir du roi Louis-Philippe offrant au prince son père le concours libre et spontané de sa prérogative constitutionnelle, pour lui procurer une existence digne de son nom :

Permis à lui ; mais l’histoire, moins oublieuse, appellera, comme moi, de son vrai nom cette générosité d’une ame toute royale.

À cet ensemble de faits incontestables et d’ailleurs incontestés, M. Napoléon Bonaparte en oppose un seul qui lui est personnel : il aurait reçu, à une certaine époque, de M. Duchâtel, ministre de l’intérieur, l’ordre de quitter Paris dans le délai de huit jours.

Que prouve ce fait, si ce n’est apparemment que le ministre de l’intérieur croyait la présence de M. Napoléon Bonaparte peu compatible avec l’ordre et la sécurité du pays ? M. Napoléon Bonaparte n’avait-il pas déjà formé quelques-unes de ces liaisons politiques qui, après avoir imposé au ministre de Louis-Philippe le pénible devoir de l’éloigner de la France, devaient le pousser plus tard jusqu’aux rangs les plus avancés parmi les adversaires de son propre parent, Louis-Napoléon Bonaparte ?

Mais ce n’est pas tout. M. Napoléon Bonaparte vous entretient de ce que l’empereur et lui ont fait pour les d’Orléans. Croyez-moi, monsieur, s’il en est temps encore, faites conseiller à l’honorable représentant de la Sarthe de renoncer à un rapprochement qui ne peut profiter ni à l’empereur ni à lui-même.

La personne de votre honorable correspondant écartée du débat, que reste-t-il donc ? La lutte qu’il voudrait établir entre la mémoire de Napoléon et celle de Louis-Philippe.

Vains efforts ! Une telle lutte ne saurait exister.

Ces deux grandeurs, de nature si diverse, se rencontreront dans l’histoire sans se heurter ni se combattre. Rapprochées, au contraire, dans leurs triomphes comme dans leurs revers, par une fatale conformité, elles auront trouva toutes deux, après la chute, des détracteurs implacables, mais impuissans contre la justice de l’avenir.

Agréez, monsieur, la nouvelle assurance de ma considération très distinguée.

MONTALIVET. Paris, le 12 octobre 1850.


REVUE LITTERAIRE.

THE LIBERTY OF ROME : A HISTORY (Histoire de la liberté de Rome), avec, un aperçu historique sur la liberté des anciennes nations, par Samuel Éliot[1]. Les deux volumes de M. Éliot ne seraient rien moins qu’une œuvre surhumaine, si Niebuhr, Müller, Arnold Heeren, Grote et Thyrwald n’avaient pas existé, Quels qu’aient été les devanciers de l’écrivain, on aime à le lire, en se rappelant

  1. 2 vol. petit in-4o, New-York, George Putnam, et Londres, Rich.Bentley.