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Peu de temps après la révolution de 1830, les chambres rayèrent presque entièrement du budget le crédit affecté aux présens diplomatiques. Le roi n’hésita pas à combler cette lacune dont pouvaient souffrir les intérêts ou la dignité de la France ; il a employé à cette dépense, pendant son règne, plus de 800,000 francs. L’occasion s’offrait-elle d’envoyer des présens aux souverains de l’Asie où de l’Afrique ? il avait toujours soin d’y faire figurer des armes, des draps, des bronzes et des bijoux achetés dans nos principales fabriques, avec l’indication des noms des fabricans ; il s’efforçait ainsi de populariser les produits nationaux dans les contrées lointaines, où l’industrie française a tant de conquêtes à faire.

Les présens diplomatiques n’étaient pas, à beaucoup près, les seuls témoignages de la courtoisie du roi envers les souverains étrangers ; il ne négligeait pas une occasion de leur offrir, à ses frais et au nom de la France, une magnifique hospitalité dans les palais de la couronne. C’est ainsi que les princes africains, dont les bonnes relations avec le gouvernement français intéressaient au plus haut degré l’avenir de nos possessions algériennes, Ibrahim-Pacha et le bey de Tunis sont venus successivement occuper l’Élysée-Bourbon, toujours accompagnés d’un nombreux cortège d’officiers et de serviteurs. Dès que les princes étrangers qui acceptaient l’hospitalité royale avaient franchi la frontière française, il y avait ordre du roi d’acquitter les frais de poste, de mettre à leur disposition, dans le palais qui leur était destiné, une garde d’honneur, une domesticité nombreuse, des chevaux, des voitures, tout un service de table, de les défrayer en un mot de toutes dépenses, eux et leur suite[1].

Dès les premières années de son règne, Louis-Philippe avait voulu que le budget de l’état ouvrît de plus larges ressources à l’entretien et à la conservation des monumens religieux. Grace à son active intervention, la subvention annuellement applicable aux églises les plus modestes et les plus pauvres fut portée de 700,000 fr. (crédit de 1832) à 1,200,000 (crédit de 1847). Indépendamment des dons nombreux en argent qu’il ajoutait chaque année à cette subvention du trésor public, il a employé plus de 1,100,000 fr. à les doter d’ornemens et d’objets d’art. C’est ici le lieu de consigner un fait que j’enregistre simplement

  1. A plus de vingt reprises, de 1830 à 1847, le Palais-Royal et l’Élysée-Bourbon ont reçu des princes étrangers. Les faits suivans donnent une idée des dépenses que supportait ainsi l’hospitalité royale.
    La liste civile a payé pour ces augustes visiteurs plus de 400,000 fr. de frais de poste.
    Le bey de Tunis avait amené avec lui treize grands officiers et quatorze domestiques. Les ordres du roi mirent à sa disposition, pendant son séjour en France, un service spécial composé ainsi qu’il suit : un colonel aide-de-camp et un officier d’ordonnance, vingt-quatre personnes du service intérieur, vingt-quatre du service de la bouche, un piqueur, quatre cochers, six postillons, huit garçons d’attelage, trente chevaux, dix voitures.