Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 10.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Zouilan (juin 1842), la plus forte razzia de toute cette guerre, le combat de Taguin (15 mai 1842), où le duc d’Aumale s’empara de la smala d’Abd-el-Kader, le combat de l’Oued-Mala (11 novembre 1843), où fut tué le terrible Sidi-Embareck, qui allait rejoindre l’émir avec son dernier contingent, tous les faits d’armes, en un mot, qui ont marqué les campagnes du désert sont dus aux colonnes mobiles disposées pour l’attaque comme nous venons de le dire.

Dans la retraite, c’était l’infanterie qui formait l’arrière-garde ; elle soutenait le choc des Arabes, qui attaquent toujours une colonne en retraite. Au lieu de faire un retour offensif, l’infanterie se massait autour du convoi. Les Arabes alors s’engageaient de plus près ; lorsqu’ils étaient bien engagés, les chasseurs d’Afrique quittaient subitement la tête de la colonne, et tombaient au galop sur le flanc des ennemis. Dans les opérations de montagne, la disposition des colonnes n’était plus la même. Les Kabyles ont une tactique relativement très savante en comparaison des Arabes. Habiles aux stratagèmes et aux irruptions soudaines, ils savent, en se retirant devant nous, choisir les points les plus favorables à la défense. Un instant leur suffit pour se disperser sus des rochers escarpés, où ils restent inabordables à la cavalerie. Aussi, pendant que nos fantassins s’avançaient en tirailleurs, nos cavaliers restaient en place à la garde du convoi, et ce poste n’était pas le moins périlleux parfois, en raison de l’habileté des Kabyles dans les manœuvres de montagne. Une fois que les Kabyles étaient débusqués individuellement de leur point de défense, ils se massaient sur des hauteurs plus inexpugnables encore. C’est alors que nos tirailleurs, promptement remis en ligne, montaient à l’escalade, le fusil sur l’épaule, et sans jamais répondre au feu des Kabyles qui les surplombait. Heureusement les fusils kabyles ne peuvent être chargés que lentement, grace à la longueur du canon. L’intervalle d’une décharge à l’autre était mis à profit par nos soldats. Ils montaient toujours, impassibles et irrésistibles comme une machine, douée de mouvement. Cette impassibilité produisait toujours, sur les Kabyles comme une fascination vertigineuse, que l’aspect des baïonnettes braquées contre eux venait augmenter encore. Ils ne reprenaient possession d’eux-mêmes que lorsqu’ils étaient abordés ; mais alors c’était pour se précipiter à travers toutes les fentes des rochers. La cavalerie les attendait à la descente ; pour elle, un combat de montagne n’était guère jamais qu’un hallali.

Abd-el-Kader avait courbé la tête pour laisser passer l’orage qui venait fondre sur lui de tous côtés, Il comptait que nous ne mettrions pas dans nos expéditions plus de persistance que par le passé, et qu’un changement de général en chef, viendrait bientôt changer aussi notre système de guerre.. Il reparut donc à la fin de 1841, signalant, sa présence par les terribles châtimens qu’il infligeait aux tribus qui avaient déserté sa cause, lançant partout nos colonnes sur de