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Nottingham, York, Glasgow, Paisley, Dublin, Belfast et Cork. Tous ces établissemens réunis reçoivent trois mille élèves environ. Telle est à peu près la seule part d’action qui revienne au gouvernement anglais dans l’enseignement industriel. Comme beaucoup d’autres instructions dans la Grande-Bretagne, cet enseignement est né du génie naturel de la race anglaise, de cet esprit essentiellement pratique qui, s’il ne s’élève jamais à une synthèse bien haute, saisit du moins de prime abord le côté utile des choses. L’initiative particulière a fondé l’instruction industrielle des classes laborieuses, de même qu’elle avait créé l’instruction primaire.

À côté de la part du gouvernement, il est bon de préciser celle de la société anglaise. Les associations privées et les paroisses ont tâché de suppléer à la législation absente. Si nos yeux se portent d’abord sur les institutions centrales, nous voyons une simple association autorisée par une charte royale de 1838, sous le nom de royal polytechnic institution, doter Londres d’un établissement propre à favoriser l’avancement des arts, des sciences pratiques et des différentes branches de l’industrie. L’établissement renferme, outre un amphithéâtre destiné à l’enseignement, plusieurs galeries où sont déposés des outils, des machines, des modèles de tout genre, ainsi que des échantillons de produits indigènes et exotiques. Il ne serait pas possible sans doute d’assimiler les ressources de ce musée particulier à celles de notre Conservatoire national des arts et métiers, dont il paraît vouloir imiter les fonctions. Il s’y mêle d’ailleurs une idée de spéculation qui en rapetisse le caractère. Comme le public y est admis en payant, on se préoccupe surtout des moyens d’y attirer un grand nombre de visiteurs. Cependant cette institution sert à populariser, au moins dans une partie de la société, les données pratiques de la mécanique, de la physique et de la chimie.

Les établissemens appelés mechanics’ institutions, qui, sans être des écoles, comme on pourrait le croire, touchent de plus près à l’éducation industrielle des classes laborieuses, sont également des créations particulières. Vastes cercles destinés aux artisans et aux ouvriers, ces maisons leur offrent une bibliothèque, une collection de journaux et de revues, et des cours sur les sciences appliquées aux arts et sur les branches les plus usuelles des connaissances humaines. L’institution, qui remonte à 1823, obtint d’abord un prodigieux succès. De Londres, elle se répandit dans toutes les villes de la Grande-Bretagne, et pénétra bientôt jusque dans les plus petites localités. Les résultats ont-ils répondu à cette confiance universelle ? Pas toujours ; les professeurs ont délaissé trop souvent les questions spéciales pour les matières littéraires ; trop souvent aussi des embarras financiers sont venus ralentir un premier essor. Les mechanics’ institutions avaient été montées