unique en Europe à une grande salle de monument égyptiens. On peut également émettre une opinion assurée sur les deux lions découverts par M. Mariette. Les deux lions de Nectanebo, au musée du Vatican, chefs-d’œuvre qui ont été cent fois reproduits en bronze, sont les pendans exacts du couple trouvé à Memphis, et proviennent de l’autre extrémité de la même enceinte. M. Mariette a également parlé d’une superbe stèle en basalte et de quelques morceaux d’un petit volume, dont il faut, sans hésitation, demander le transport : il ne faut pas oublier que cet archéologue si zélé n’est encore parvenu qu’au seuil de la grande enceinte, et que les agens anglais n’attendent que son départ pour s’emparer de sa découverte ; et pour exploiter, une fois de plus, les mines nouvelles ouvertes par l’activité du génie français. Il serait donc à désirer que la somme que le gouvernement pourra consacrer à cet objet fût employée à pousser les fouilles jusqu’au sanctuaire principal, où se trouvent, sans aucun doute, les morceaux les plus importans. La figure d’Apis, déjà rencontrée, ne peut être le dieu principal par la position même où elle a été rencontrée ; on en trouvera certainement plusieurs autres : L’épais linceul de sable qui les recouvre donne lieu d’espérer une parfaite conservation, du moins quant aux injures du temps. Le temple et tout ce qu’il renferme ne portera : que les traces inévitables des révolutions religieuses. M. Mariette n’a encore tenté, dans cette grande enceinte, que quelques sondages, et à chaque fois il est tombé sur un objet important ; outre le sanctuaire, tout le terrain sacré doit être parsemé de statues, bas-reliefs, stèles et animaux symboliques. »
Nous devons ajouter que, depuis le rapport de M. de Rougé, M. Mariette a, sinon complété, du moins singulièrement accru ses précieuses découvertes. Dans un de ses sondages, il a rencontré, dans une des salles du temple, une quantité considérable de figures en bronze, dont quelques-unes ont l’importance de statues, et une stèle funéraire d’un Ptolémée. Ses dernières nouvelles ne portent pas à moins de quatre à cinq cents les simulacres de bronze ainsi découverts, et qui se trouvaient comme emmagasinés dans un des réduits du temple. Pour que ce monument soit demeuré dans l’état de conservation qu’il présente, et décoré, comme on voit, de toutes ses statues, on serait porté à supposer qu’il a dû être subitement enseveli sous les sables, il y a dix-huit à dix-neuf siècles, par quelque grande tempête du simoun. Il paraît cependant que l’envahissement a été lent et graduel. Strabon rapporte en effet que, lors de sa visite à ce temple, il vit des sphinx enterrés, les uns à moitié, les autres jusqu’à la tête ; il ajoute cependant qu’on peut conjecturer d’après cela que la route vers ce temple ne serait pas sans danger, si l’on était surpris par un coup de vent[1].
- ↑ Strabon, liv. XVII, p. 807.