de sang-froid, d’énergie, de courage et d’adresse. Le général Luzy ; moins heureux, ne pouvait que tirer quelques coups de fusil éloignés ; mais le colonel Bouscaren, au col, tombait au milieu des montagnards ; chasseurs et spahis sabraient à l’envi. À quatre heures, l’on était rentré au camp, et les spahis, selon l’usage arabe que la discipline française n’essaie pas de détruire, car à leurs yeux ce serait un déshonneur, avaient chacun les arçons de la selle garnis de chapelets d’oreilles, et une tête de Kabyle au bout du fusil. Pour les chasseurs du 3e, ils s’étaient contentés de sabrer les Kabyles sans jouer avec leurs cadavres.
Si le 19 avait été journée de bonne humeur dans le camp français, le 20 devait être un jour de fête, car nos soldats eurent enfin la joie de tailler en plein Kabyle. Les contingens de l’ouest, malmenés le 19, s’étaient imaginé qu’ils devaient uniquement attribuer l’insuccès de leurs efforts au manque d’union dans l’attaque. Ils s’étaient donc établis en grand nombre au col de Mta-el-Missia, où passait la route, et ils nous attendaient. Le général Saint-Arnaud part de son camp avec huit bataillons sans sacs, quatre obusiers et toute la cavalerie ; il marche droit sur eux ; les Kabyles garnissaient une crête boisée d’environ deux kilomètres. La gauche s’appuyait à un ravin profond ; à la droite s’étendait une plaine communiquant par un plateau aux dernières hauteurs sur lesquelles ils étaient établis. Ces hauteurs s’abaissaient et aboutissaient elles-mêmes à un col de facile accès, qui dominait le ravin de gauche c’était la seule issue. La cavalerie, suivie au trot gymnastique par les chasseurs d’Orléans, devait occuper le col. Les turcos avaient pour mission d’escalader des terrains affreux sur la gauche et d’attaquer de ce côté. À droite, le 8e et les zouaves de la brigade Bosquet se chargeaient de les pousser vigoureusement. Au coup de canon, tout s’ébranle, chaque colonne marche en même temps, et, ces mouvemens se prêtant un mutuel appui, les Kabyles sont renvoyés comme un volant par une raquette. Ils défilent ainsi sous le feu de l’infanterie, sous le sabre de la cavalerie, et quatre cent quatre-vingts cadavres sont comptés lorsque les bras se lassent de frapper. Un tel coup de massue pouvait étourdir même une tête kabyle. Le lendemain, les chefs des Beni-Amran arrivaient au camp pour demander l’aman.
Depuis le 20 mai, la colonne du général Saint-Arnaud a eu de nombreuses marches à faire, de cruelles fatigues à supporter, mais c’est à peine si elle a dû échanger quelques coups de fusil dans la région ouest qu’elle parcourt. La seconde partie de l’expédition a le même succès que la première, et, sous la direction du général Saint-Arnaud, le commandant de Neveu et le capitaine Robert, chefs des bureaux arabes de Constantine et de Djidgelly, qui tous deux ont rendu de si