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MAINE DE BIRAN.




NOUVEAUX DOCUMENS SUR SA VIE INTIME ET SES ECRITS.[1]




À la considérer du dehors, la vie de Maine de Biran, tout-à-fait vide d’aventures, n’a rien qui excite un intérêt particulier ; mais tout change d’aspect lorsque l’attention, — au lieu de se fixer sur les destinées extérieures de l’écrivain, — se porte sur le développement intérieur de l’homme, sur ses affections et ses pensées : on se trouve alors en présence d’une ame remarquablement sincère, recueillant les expériences de la vie et en soumettant les résultats au jugement d’une intelligence chez laquelle l’analyse et la réflexion prédominaient par nature et par habitude. M. de Biran fut un observateur de soi-même comme il n’en existe qu’un bien petit nombre ; c’est ce qui peut donner auprès des esprits sérieux une valeur véritable et très grande au récit de son existence. C’est en dedans qu’il faut le regarder vivre, car pour lui les circonstances du dehors n’eurent jamais de valeur réelle que dans leurs rapports avec ses modifications intimes. Singulièrement attentif

  1. L’auteur de cette étude a entre les mains tous les manuscrits de M. de Biran. Dans cette volumineuse collection figurent des Cahiers de Souvenirs, qui, joints à quelques autres documens analogues, forment un Journal intime où l’on peut suivre tous les mouvemens de la pensée et de l’ame de l’écrivain. C’est à cette source qu’ont été puisées toutes les citations contenues dans les pages qu’on va lire. Nous les accueillons volontiers, — dans leur esprit même, un peu différent de celui qui nous anime, — comme l’œuvre sincère d’un écrivain distingué qui s’est religieusement attaché à compléter la physionomie historique de Maine de Biran en la montrant sous un aspect encore peu connu. Au surplus, Maine de Biran a déjà été l’objet d’une appréciation spéciale dans cette Revue ; voyez la livraison du 15 novembre 1841.