dont il a représenté les arts du dessin. Il n’a pas saisi le caractère des sujets qu’il avait à exprimer. Toute son habileté, tout son zèle mis au service d’une idée fausse, ne pouvaient produire qu’une œuvre tourmentée, et c’est en effet le seul nom qui convienne à ces figures.
Les quatre termes disposés en caryatides aux quatre coins de la voûte sont à coup sûr une des conceptions les plus malheureuses qui se puissent imaginer. Jusqu’ici, nous étions habitués à voir les caryatides supporter un poids quelconque. L’antiquité, l’art moderne, n’ont jamais méconnu cette condition élémentaire. M. Duban s’en est affranchi avec un sans-façon tout-à-fait cavalier : non-seulement ses caryatides ne portent rien, et chacun s’en aperçoit, puisqu’elles n’ont au-dessus de leurs têtes qu’une voûte percée à jour, mais encore elles ne posent sur rien. Elles sont tout à la fois inutiles et impossibles : inutiles, puisqu’elles ne portent rien ; impossibles, puisqu’elles n’ont pas de point d’appui. M. Simart s’est efforcé de leur donner du moins de l’élégance à défaut de bon sens ; je ne pense pas qu’il ait complètement réussi. L’insignifiance de la pensée qu’il avait à traduire semble avoir engourdi sa main. Les plans musculaires de ces caryatides, qui joignent les bras au-dessus de leurs têtes pour soutenir le vitrage de la voûte et se terminent en gaîne, sont mollement accusés. Quant aux enfans qui accostent les caryatides, ils manquent de grace et de jeunesse. Cette donnée vulgaire ne pouvait se racheter que par la finesse de l’exécution, et M. Simart nous a livré la pensée de M. Duban dans toute sa banalité. Je regrette qu’un talent aussi pur, nourri d’études aussi sérieuses, qui a pris rang déjà par des travaux recommandables à plus d’un titre, ait été chargé d’une telle besogne. Le statuaire le plus habile placé en face d’une pareille tâche courait le risque de dépenser son savoir en pure perte. Une seule voie de salut lui était ouverte : discuter avec l’architecte les élémens de la décoration ; mais l’entêtement des architectes est depuis long-temps proverbial : quand une fois ils se sont coiffés d’une idée, ils y renoncent difficilement. Ils croient volontiers posséder seuls la souveraine sagesse ; ils ne voient dans la peinture et la statuaire que les très humbles servantes de l’art qu’ils professent. Il arrive bien rarement qu’ils tiennent compte des objections les plus judicieuses. Il est donc probable que M. Simart eût perdu son temps en discutant avec M. Duban les élémens de la décoration. Il s’est soumis sans résistance aux conditions qui lui étaient posées, et sa docilité ne lui a pas porté bonheur. Dans ce travail considérable, son talent n’est sorti victorieux que d’une seule épreuve : les médaillons, malgré la disposition des draperies, qui rappelle uniformément le style de Jean Goujon, se recommandent du moins par une rare élégance.
Après avoir prodigué l’or et les ornemens de toute sorte dans la voûte, M. Duban ne s’est pas tenu pour satisfait. Il a imaginé pour les quatre coins du salon des écrans gigantesques formant des pans coupés. Ces écrans, qui ne s’élèvent pas même jusqu’à la place que devrait occuper la corniche, sont un non-sens ajouté à tant d’autres non-sens. Cette fantaisie singulière que les tapissiers ont réalisée avec empressement, et dont la fabrique de Lyon n’a pas à se plaindre, révèle dans M. Duban un homme appelé aux plus grands succès dans l’ameublement des boudoirs. Toutes les femmes à la mode vont sans doute se hâter de le consulter ou plutôt d’accepter, les yeux fermés, tous les caprices de sa